Dans le populeux quartier Grand-Yoff, à Dakar, rien de plus facile que de trouver Moustapha Diakhaté. «Quand il n’est pas au travail, il passe son temps sur la terrasse, avec ses pigeons», résume un brin contrariée Anta, sa femme. «La colombophilie est une discipline qui demande énormément de temps», reconnaît l’intéressé, en avalant les cinq étages de la maison familiale, jusqu’au point culminant où se trouvent ses deux colombiers, l’un pour les «athlètes», l’autre pour les reproducteurs, sous l’œil attentif d’un berger malinois recruté pour décourager les voisins malintentionnés.
«Je prends du plaisir rien qu’en les regardant voler, alors tu peux imaginer la sensation de les voir revenir d’une course de 200, 400 ou 600 kilomètres. Tout le boulot, l’amour, les sacrifices, les pigeons me le rendent bien», confie le géomètre de 36 ans. L’an dernier, il a passé une semaine en Alsace chez un ami colombophile français rencontré sur Facebook. «Il m’a transmis son expérience, l’alimentation, des méthodes de jeux pour motiver les pigeons…» Pour ce passionné, la colombophilie est une affaire sérieuse.
«Pour certains, c’est une perte de temps»
Au Sénégal, l’art d’élever et de faire concourir des pigeons voyageurs ne cesse d’attirer les nouvelles générations, à contre-courant de l’Europe, où la pratique peine à se renouveler. Après quinze ans d’existence, ils seraient aujourd’hui 2 50