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Conflit

Combats en RDC : une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU

Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur les combats dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a été avancée à ce dimanche 26 janvier, après plusieurs jours de combats meurtriers. Elle était initialement prévue lundi.
Des personnes déplacées par les combats avec les rebelles du M23 se dirigent vers le centre de Goma, en République démocratique du Congo, le dimanche 26 janvier 2025. (Moses Sawasawa/AP)
publié le 26 janvier 2025 à 17h43

L’intensification des combats dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) entre l’armée et le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, fait craindre un embrasement régional. De quoi pousser le conseil de sécurité de l’ONU à se réunir en urgence ce dimanche 26 janvier. Le secrétaire général de l’organisation a appelé les forces rwandaises à se retirer du territoire de la RDC et à cesser son soutien au M23. Selon un communiqué de son porte-parole, Antonio Guterres est «profondément préoccupé par l’escalade de la violence». C’est sa condamnation la plus claire, à ce jour, sur les actions du pouvoir rwandais. Le secrétaire général de l’ONU avait jusqu’à présent fait référence aux conclusions d’un rapport de référence d’experts de l’ONU mettant en lumière le rôle de Kigali aux côtés du «mouvement du 23 mars».

Lors de la réunion, les autorités congolaises ont dénoncé la «déclaration de guerre» du Rwanda. Kinshasa, accuse Kigali d’avoir fait passer de nouvelles troupes à l’est de la République démocratique du Congo. «Alors que je me tiens devant vous, une attaque d’une gravité inouïe se déroule sous les yeux du monde. De nouvelles troupes rwandaises ont franchi les bornes 12 et 13 du poste frontalier séparant Goma (en RDC) de Gisenyi (au Rwanda), pénétrant sur notre territoire en plein jour dans une violation ouverte et délibérée de notre souveraineté nationale. C’est une agression frontale, une déclaration de guerre qui ne se cache plus derrière des artifices diplomatiques», a déclaré la ministre des affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner.

Sur son compte X, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a publié plusieurs photos de casques bleus. Ces derniers «maintiennent leurs positions afin de repousser le M23 et protéger les civils. L’artillerie et les unités de réaction rapides sont mobilisées pour répondre aux menaces», indique la publication.

Dimanche, un drone de l’armée rwandaise a ouvert le feu à environ six kilomètres de Goma (est de la RDC), menacée par une grande offensive du M23, selon des sources sécuritaires et onusiennes à l’AFP : «Un drone TB2 de l’armée rwandaise a effectué une frappe sur une de nos positions à Kibati», à environ 6 km au nord de Goma, a précisé une source sécuritaire proche de l’armée congolaise. Selon plusieurs sources au sein de la Monusco, «au moins deux paramilitaires» ont été gravement blessés dans les tirs.

Samedi, treize soldats sud-africains, malawites et uruguayen, déployés au sein de deux forces régionale et onusienne d’appui à l’armée congolaise, ont été tués dans des combats avec le groupe armé antigouvernemental du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo, ont annoncé les autorités des trois pays. Les combats se déroulent désormais à proximité de la capitale régionale Goma. Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, aggrave encore une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, 400 000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.

Samedi, les combats se sont concentrés autour de Sake, cité du territoire de Masisi, située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, selon des sources sécuritaires. Le même jour, les autorités congolaises ont annoncé rappeler leurs diplomates à Kigali. Le ministère des Affaires étrangères a «informé» l’ambassade du Rwanda en RDC, dans un courrier daté de vendredi et transmis dans la soirée à la presse par la présidence congolaise, «du rappel des diplomates de l’ambassade de la République démocratique du Congo à Kigali avec effet immédiat». Un peu plus tôt, l’Union africaine (UA) avait exhorté à la «cessation immédiate» des combats et réclamé «la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties».

Réactions internationales

Après l’échec d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola, le M23 et 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l’ONU, ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines. Ils encerclent presque complètement Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.

Les combats autour de Goma ont entraîné plusieurs réactions et déclarations à l’international ce week-end. Emmanuel Macron a par exemple appelé samedi à la «fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu’au retrait de ces dernières du territoire congolais», lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants de République démocratique du Congo et du Rwanda.

Dimanche, dans un post sur X (ex-Twitter), le chef de la diplomatie britannique David Lammy s’est dit «profondément préoccupé par les attaques sur Goma, qui ont entraîné des déplacements massifs de civils, des pertes humaines ainsi que la mort de casques bleus de l’ONU». Il indique avoir «parlé à Paul Kagame [Président de la république du Rwanda]» et avoir «appelé à la désescalade, soulignant la nécessité pour le Rwanda et la RDC de retourner d’urgence à la table des négociations». Aux côtés des États-Unis et de la France, le Royaume-Uni avait exhorté vendredi soir ses ressortissants à quitter la ville de Goma.

La représentante des Etats-Unis à l’ONU a condamné dimanche l’offensive du Rwanda et du groupe armé M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. Elle a prévenu que Washington utiliserait «tous les outils» disponibles contre ceux qui alimentent le conflit. «Nous appelons d’urgence à un cessez-le-feu», a ajouté l’ambassadrice américaine lors de la première déclaration sur ce dossier d’un représentant de l’administration de Donald Trump.