Jamais, depuis le lancement de l’opération Barkhane, en 2014, un simple convoi de ravitaillement n’avait déclenché de telles scènes d’hostilité à la présence militaire française au Sahel. Parti d’Abidjan, en Côte-d’Ivoire, le 14 novembre, la colonne de 80 véhicules escortée par une centaine de militaires français – essentiellement des soldats du 2e régiment étranger de parachutistes – a finalement atteint son objectif, la base malienne de Gao, dimanche.
Il s’agissait du 32e convoi logistique de ce type en six ans. Mais celui-ci a fait face à une situation inédite. Après avoir été bloqué une première fois par des manifestants à Kaya, au Burkina Faso, le 18 novembre, il a de nouveau été confronté à une foule en colère lui barrant la route à Téra, dans l’ouest du Niger, huit jours plus tard. Le face-à-face, tendu, a connu un dénouement tragique : trois personnes ont été tuées dans les heurts, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur nigérien.
Reportage
Plusieurs témoins, joints par téléphone par Libération, ont donné leur version des événements de la matinée de samedi, au cours de laquelle au moins onze autres manifestants ont été gravement blessés. Leurs récits, concordants, font état de tirs directs de la part des soldats français en fin de matinée, pour forcer le passage du convoi. «Les militaires français n’ont pas tiré dans la foule», dément catégoriquement le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l’état-major des armées. Retour sur une confrontation qui a duré