«Je n’ai nulle part où aller. Ils n’ont qu’à m’arracher de terre avec le reste de la maison.» Fatiha (1), septuagénaire endurcie, ne semble pas impressionnée par le bal des bulldozers et autres pelleteuses qui anime son quotidien depuis plusieurs semaines. Autour d’elle, une demi-douzaine d’immeubles ont déjà été réduits en ruines. «Je ne vais pas m’amuser à déménager, à mon âge. Je n’ai personne : ni enfants ni petits-enfants. J’ai uniquement Dieu et le roi», implore-t-elle. Le portrait de Mohammed VI domine la petite pièce d’une quinzaine de mètres carrés qui lui sert de logis.
Sa maison, comme tant d’autres, risque d’être victime du nouveau plan d’aménagement urbain de Rabat, approuvé par la capitale le 12 décembre. Il prévoit non seulement l’élargissement des artères principales, mais également la création d’infrastructures de loisirs, dont un projet de golf devant remplacer le quartier populaire de Douar El Askar. L’opposition municipale qualifie ce projet d’«insultant», d’autant plus que le pays traverse sa septième année consécutive de sécheresse.
Au-delà de l’objectif affiché de transformer la capitale marocaine sur les dix prochaines années, les autorités semblent avoir mis les bouchées doubles pour tenir les délais imposés par la Fifa pour