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Reportage

Crise de l’électricité à Madagascar : «Tout le monde connaît les magouilles» de la Jirama

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Sur l’île, où les deux tiers de la population sont privés de courant et les autres subissent des coupures à répétition, les habitants dénoncent les petits arrangements de la compagnie publique, à l’origine de la révolte de la jeunesse fin septembre.

A Antananarivo, avec la compagnie nationale d'eau et d'électricité Jirama en arrière-plan, le 21 octobre 2025. (Rijasolo/Riva Press pour Libération)
ParCélian Macé
envoyé spécial à Antananarivo
Publié le 03/11/2025 à 5h21, mis à jour le 03/11/2025 à 13h10

La salle de contrôle du réseau électrique d’Antananarivo ressemble à la cabine de pilotage d’un navire. Un comptoir en bois en demi-cercle, une radio VHF à portée de main du capitaine, des murs à la peinture bleue délavée. L’équipage de la Jirama – la compagnie malgache de distribution d’eau et d’électricité – ne regarde pas la mer, mais des boîtiers électriques qui clignotent, affichent des valeurs de puissance, des diodes rouges ou vertes. Au tableau, dans le dos des employés, est notée à la main la liste des «groupes électrogènes indisponibles» – bien trop longue. Si la Jirama était un bateau, elle serait un vieux paquebot en détresse prenant l’eau de toute part, en pleine tempête.

Samedi 18 octobre, le nouveau président malgache, le colonel Michaël Randrianirina, a fait irruption dans la salle de contrôle. Son premier déplacement officiel, au lendemain de son investiture. La crise de l’électricité est érigée au rang de priorité nationale. Les coupures de courant incessantes ont été le déclencheur du soulèvement de la génération Z, le 25 septembre.