La France a démontré sa capacité «à répliquer sans hésiter et avec fermeté» face à l’Algérie mais elle devra «à terme» reprendre le dialogue avec Alger «dans l’intérêt des Français», a estimé ce mercredi 16 avril sur France Inter le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot. «Je dis simplement que si nous voulons des résultats pour les Françaises et les Français, il nous faudra un jour ou l’autre revenir à un dialogue franc, lucide et exigeant» avec les autorités algériennes, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, au lendemain de l’annonce par l’Elysée de l’expulsion de 12 agents consulaires algériens, en représailles à des mesures similaires prises par l’Algérie.
Du côté de l’Elysée, on assume le rapport de force : «Il y a eu une réaction [de l’Algérie] qui est non seulement disproportionnée et méconnaît le fonctionnement de l’institution judiciaire en France c’est-à-dire totalement indépendante. Cela ne respecte pas l’esprit de l’échange avec Tebboune, dit-on. De ce fait il est naturel que l’on prenne les mesures symétriques à celles prises par les Algériens.» Appelant toutefois au «dialogue», un proche du chef de l’Etat assure que le président de la République ne veut «pas tomber dans l’instrumentalisation du régime algérien de la vie politique française» et réfute toute «division […] dans l’exécutif français».
Au moment où des critiques s’élèvent en France sur une ligne jugée trop modérée de la part du ministre français des Affaires étrangères par rapport à son homologue de l’Intérieur, Bruno Retailleau, Jean-Noël Barrot avait, sur Franc Inter, défendu sa méthode : «Nous avons intérêt à avoir une relation normale avec l’Algérie, à sortir des tensions pour que nous puissions expulser les Algériens en situation irrégulière, que nous puissions avoir un dialogue sur le renseignement, sur la lutte contre le terrorisme, que nous puissions aussi obtenir la libération de notre compatriote Boualem Sansal aujourd’hui détenu arbitrairement en Algérie», a-t-il dit.
«Décision judiciaire indépendante»
Le dialogue est «la seule manière de résoudre durablement les tensions», a-t-il ajouté, jugeant «irresponsables» ceux qui prônent autre chose que le dialogue. «Il fallait donner sa chance au dialogue», a-t-il dit alors qu’il s’est rendu début avril à Alger, où il a rencontré son homologue, Ahmed Attaf, et le Président, Abdelmadjid Tebboune. «Nous avons obtenu des engagements», a-t-il dit.
Décryptage
Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que «c’est une décision judiciaire indépendante qui a provoqué une réaction totalement disproportionnée et brutale à laquelle nous ne pouvons que répondre avec fermeté». Les autorités algériennes ont déclaré dimanche persona non grata douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur, leur donnant quarante-huit heures pour quitter l’Algérie, en réponse à l’arrestation en France, puis à sa mise en détention, d’un agent consulaire algérien.
L’Algérie avait défendu lundi soir sa décision «souveraine», faisant porter au ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, «la responsabilité entière» de ce regain de tensions. Cette figure de la droite française s’est fait le porte-voix ces derniers mois d’une ligne de fermeté face à l’Algérie, notamment en matière migratoire.
Mise à jour à 12h57 avec des nouveaux éléments.