«We are the world, we are the children» : ce refrain un peu kitsch, nous sommes nombreux à ne pas l’avoir oublié. Avec l’impression de connaître encore par cœur les paroles de cette chanson qui avait cartonné en mars 1985. Certes, c’est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, pour paraphraser un autre hit célèbre. Mais pour les plus âgés, cette madeleine de Proust musicale renvoie à une mobilisation exceptionnelle de stars : Michael Jackson, Stevie Wonder, Lionel Richie, Diana Ross, Tina Turner, Bob Dylan… Réunis dans un studio, casques vissés sur la tête et yeux mi-clos, tous hurlent leur solidarité avec un pays lointain frappé par le malheur : l’Ethiopie, accablée cette année-là par une famine redoutable qui fera plus d’un million de morts. Le single, façon cœur avec les doigts, permettra de récolter 63 millions de dollars (52 millions d’euros).
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Au même moment, un autre big band d’artistes, français cette fois-ci, se donne pour mission de soulager «cette terre de sécheresse [où] ne fleurissent que les tombes». Sous la houlette de Renaud, Francis Cabrel, France Gall, Gérard Depardieu ou encore Alain Souchon entonnent alors à l’unisson : «Loin des cœurs et loin des yeux, de nos villes, de nos banlieues, l’Ethiopie meurt peu à peu.» Les refrains restent, mais les temps changent.
Indifférence et cruauté
On pourrait gloser à l’infini sur l’impossibilité de reproduire aujourd’hui cette campagne de solidarité, certes un peu naïve, alors que l’Ethiopie est peut-être