Les camionnettes de transport collectif filent à leur allure habituelle sur le boulevard Bourguiba de Dakar. De temps en temps, un pick-up bleu nuit s’intercale dans la circulation. Pour la forme, il donne un bref coup de sirène. Simple ronde de surveillance. La manifestation annoncée ce mardi 13 février pour protester contre le report in extremis du scrutin présidentiel – du 24 février au 15 décembre – n’a pas eu lieu. Les gendarmes athlétiques postés à chaque croisement du boulevard, bouclier au pied, n’y sont pour rien. Les organisateurs de la marche ont eux-mêmes annulé l’événement.
La manifestation a été interdite par la préfecture, officiellement car elle présentait un risque de «perturbation grave de la circulation». A la place, le collectif Aar Sunu Election – «protéger notre élection», en wolof – s’est réuni à l’hôtel Good Rade pour une conférence de presse. Pour la photo, les militants se sont bâillonnés et attaché les mains avec des rubans rouges. Par précaution, les autorités avaient coupé le réseau internet mobile. Un réflexe du pouvoir, désormais, lors des journées de mobilisation, pour compliquer les rassemblements spontanés. Ce week-end, des heurts ont éclaté entre des bandes de jeunes Sénégalais réclamant le droit de voter à la date initialement prévue et