Il y a des dates anniversaires qui piquent un peu : trente ans après les premières élections multiraciales en Afrique du Sud, qui avaient consacré la victoire de Nelson Mandela, premier président noir du pays, Cyril Ramaphosa sera investi mercredi 19 juin pour un second mandat à Pretoria, la capitale administrative du pays. Mais on est bien loin de l’euphorie qui avait émerveillé le monde entier, quand Mandela prêtait serment devant l’Union Building, l’Elysée sud-africain qui rappelle vaguement l’architecture du Vatican.
«Nous entamons la phase d’édification d’une société dans laquelle tous les Sud-Africains, noirs comme blancs, pourront marcher la tête haute, sans éprouver aucune crainte dans leurs cœurs, assurés de leurs droits inaliénables à la dignité humaine», avait alors déclaré le héros de la lutte anti-apartheid dans une ambiance de kermesse. Ce mercredi, son lointain successeur, après Thabo Mbeki et Jacob Zuma, est bien à la tête du même parti, le Congrès national africain (ANC), dont la lutte inlassable a permis de mettre un terme à trois cents ans d’oppression coloniale raciale, et quarante-quatre ans de présence au pouvoir d’un racisme d’extrême droite, plébiscité par les élections de 1948. Reste que Ramaphosa, un ancien syndicaliste, âgé de 71 ans, devenu millionnaire grâce à la politique de discrimination p