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Sahel

Dans le nord du Mali, l’armée accusée d’une nouvelle bavure lors d’une frappe de drone

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Au moins douze personnes ont été tuées dans la nuit du samedi 16 mars dans le village touareg d’Amasrakad. L’armée dit avoir «neutralisé des terroristes», mais un habitant joint par «Libération» affirme que toutes les victimes sont des civils.
A Amasrakad, au nord-est de Gao au Mali, en 2023. (Souleymane Ag Anara)
publié le 19 mars 2024 à 9h59

Deux bombes lâchées depuis le ciel ont explosé dans le village malien d’Amasrakad, à 130 kilomètres au nord-est de Gao, dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 mars. Dans un communiqué, l’armée malienne affirme avoir mené une frappe aérienne «ayant permis de neutraliser plusieurs terroristes et neutraliser du matériel roulant», en réaction à «des tirs d’obus terroristes» survenus quelques heures plus tôt sur l’aéroport de Gao, la grande ville du Nord. Une vidéo, vue du ciel, a immédiatement été diffusée à la télévision publique malienne, montrant, selon le commentaire de la chaîne, une «base de groupes armés terroristes» à Amasrakad. On y distingue un véhicule à l’arrêt, un arbre, deux bâtiments, un enclos, filmés pendant quelques secondes avant qu’une explosion ne brouille l’image. Mais pas d’hommes en armes.

Le véhicule, «un Toyota Hilux double cabine», appartiendrait en réalité au centre de santé du village, selon un habitant d’Amasrakad, joint au téléphone par Libération. «Il n’y a pas beaucoup de pick-up dans la zone, et ils sont tout de suite identifiés aux terroristes, c’est peut-être pour ça qu’il a été visé», s’interroge-t-il. La première frappe est intervenue peu avant 1 heure du matin, selon son récit. La bombe a pulvérisé la voiture, ainsi que «les animaux qui se couchent sous le véhicule la nuit». Des chèvres auraient été projetées à plusieurs mètres.

Une seconde frappe, environ vingt minutes plus tard, a touché un