La Libye est touchée depuis dimanche 10 septembre par des pluies diluviennes. «Au moins 150 personnes ont été tuées à cause des inondations provoquées par la tempête Daniel à Derna, dans les régions du Jabal Al-Akhdar et dans la banlieue d’Al-Marj», avait déclaré dans un premier temps Mohamed Massoud, porte-parole du chef de l’exécutif parallèle basé à Benghazi (est). Mais le bilan s’alourdit rapidement. Au moins 2 000 personnes seraient mortes, a ensuite affirmé Oussama Hamada, Premier ministre par intérim du gouvernement de l’est du pays, cité par l’agence AP. En outre, plus de 5 000 personnes seraient portées disparues, a chiffré Issam Abu Zriba, ministre de l’Intérieur du gouvernement de l’est, rapporte la même agence. Aucune source médicale ou de services de secours n’a toutefois confirmé ce bilan pour l’heure.
Les zones sinistrées se trouvent principalement «dans les régions du Jabal Al-Akhdar et dans la banlieue d’Al-Marj», soit au nord-est de la Libye, près de la frontière avec l’Egypte, selon Mohammed Massoud, porte-parole du chef de l’exécutif parallèle basé à Benghazi. Trois jours de deuil national ont été annoncés ce lundi, lors d’un conseil des ministres extraordinaire diffusé en direct à la télévision.
Derna, Libya Flood Disaster 🇱🇾
— Nahel Belgherze (@WxNB_) September 11, 2023
- 2,000+ people believed dead
- Hundreds of people are still missing
- Entire blocks of homes washed away
- Many bridges & roads destroyed
- City declared a "disaster zone"
- At least two confirmed dam failures
- Urgent int. response needed pic.twitter.com/fD2UgTpFPq
Cette tempête Daniel est un phénomène «extrême en termes de quantité d’eau tombée», selon les experts. Des images tournées par les habitants des villes de l’est, comme Derna ou al-Bayda, montrent d’impressionnantes coulées de boue, des quartiers entiers sous l’eau, ainsi que des routes et bâtiments effondrés. Le phénomène météorologique avait déjà frappé la Grèce, la Turquie et la Bulgarie, où il avait fait au moins 27 morts.
L’est du pays, qui souffrait déjà de pluies diluviennes depuis quelques jours, a été frappé dimanche après-midi, notamment les villes côtières du Jabal al-Akhdar (nord-est) mais également Benghazi. Un couvre-feu y a été décrété, et les écoles fermées. Lundi soir, le chef du Conseil Présidentiel (CP) Mohamad al-Manfi a appelé à une «aide des pays frères et amis et les organisations internationales» et a déclaré officiellement les villes de Derna, Shahat et al-Bayda dans l’est de la Libye une «zone sinistrée», selon un communiqué sur Facebook.
La région abrite aussi les principaux champs et terminaux pétroliers. La Compagnie nationale de Pétrole (NOC) a décrété «l’état d’alerte maximale» et «suspendu les vols» entre les sites de production où l’activité a été drastiquement réduite.
La ville de Derna épicentre du drame
A Derna (ville de plus de 100 000 habitants traversée par une rivière, aussi appelé un oued), après que des équipes de secours ont été dépêchées dimanche, la ville a été déclarée «sinistrée» par le gouvernement parallèle nommé par le Parlement. Des centaines d’habitants y sont toujours bloquées dans des zones difficiles d’accès alors que les équipes de secours, épaulées par l’armée, tentent de leur venir en aide au risque de leurs vies. Les autorités ont «perdu le contact avec neuf soldats lors des opérations de sauvetage dans cette ville», selon Mohammed Massoud.
Un responsable du conseil municipal de Derna a qualifié la situation dans sa ville de «catastrophique», «hors de contrôle», dans des déclarations à la chaîne locale Libya al-Ahrar. Il a fait état de l’effondrement de quatre ponts principaux et deux immeubles ainsi que des deux barrages de la ville.
Cette catastrophe a suscité de vives réactions de la communauté internationale. La mission de l’ONU en Libye a notamment dit «suivre de près la situation d’urgence […] dans la région orientale du pays» dans un message publié sur Twitter (renommé X) exprimant sa solidarité avec les familles des victimes. Mostafa Mihraje, l’ambassadeur de France en Libye, a quant à lui présenté ses condoléances aux victimes et sa «solidarité avec le peuple libyen dans cette épreuve», également dans un message sur Twitter.
En Egypte voisine, les autorités se préparent déjà à être frappées par les intempéries. Les autorités ont appelé à la prudence sur la côte mitoyenne à la Libye et annoncé entamer des préparatifs afin de minimiser l’impact de Daniel. Selon les prévisions météorologiques, les Egyptiens devront faire face à trois jours de fortes de pluies.
Le président français Emmanuel Macron a exprimé sur Twitter (renommé X) sa «solidarité avec le peuple libyen qui subit de terribles inondations. La France présente ses condoléances aux familles des victimes et mobilise des moyens pour apporter une aide d’urgence».
Mise à jour : à 21 h 40, avec l’ajout de l’appel à l’aide du chef du Conseil Présidentiel et de la déclaration d’Emmanuel Macron.