Les Libyens ont une impression désagréable de déjà-vu. Leur pays se déchire, une fois encore, entre deux gouvernements rivaux. Les mêmes dirigeants, appuyés par les mêmes groupes armés et les mêmes parrains étrangers, écartèlent le territoire. Tant de fois promises, les élections, la paix, l’unité s’évanouissent à mesure que la Libye croit s’en approcher, tel un mirage.
Le scrutin présidentiel du 24 décembre 2021, un temps espéré et soutenu par les Nations unies, n’a pas eu lieu. Trop d’irrégularités dans son organisation, trop de manipulations, trop de contestations attendues des résultats. Le Premier ministre désigné pour conduire le pays au vote, Abdelhamid Dbeibah, n’a pas tardé à être contesté par ses concurrents. Son mandat courait jusqu’au 24 décembre, soulignent ses détracteurs, il doit dès lors être remplacé. Sa mission n’est pas terminée, rétorque l’intéressé : il ne rendra le pouvoir qu’à des autorités élues. «Il n’y a pas d’autre voie que d’organiser de véritables élections parlementaires et présidentielle en Libye», a-t-il répété le 5 mai.
Tentative d’intimidation
Ses rivaux en ont décidé autrement. En début d’année, ils ont noué une surprenante alliance – dont la Libye a le secret – pour le détrôner. Le vieux chef du Parlement, Aguila Saleh,