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Escalade

Crise avec l’Algérie : douze agents de l’ambassade française ont 48 heures pour quitter le territoire algérien, Paris prêt à des représailles immédiates

La crise entre la France et l'Algériedossier
L’Algérie a décidé, dimanche 13 avril soir, d’expulser 12 agents de l’ambassade de France, du personnel qui relève du ministère de l’Intérieur. Ce coup de force est une réponse à la mise en examen vendredi à Paris d’un agent consulaire algérien.
Alger. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 14 avril 2025 à 7h26
(mis à jour le 14 avril 2025 à 8h14)

C’est une mesure inédite depuis 1962. L’Algérie a annoncé expulser douze agents de l’ambassade française à Alger. Ils ont 48 heures pour quitter le territoire, une information confirmée par le ministre des Affaires étrangères à France Info. D’après Jean-Noël Barrot, il s’agit d’une «réponse à l’arrestation de trois ressortissants algériens soupçonnés de faits graves sur le territoire national français». «Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d’expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours», a dit le chef de la diplomatie française dans une déclaration écrite transmise à des journalistes. «Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n’aurons d’autre choix que d’y répondre immédiatement», a-t-il ajouté.

Selon le Figaro qui révèle l’information, «le profil de ces personnels sous statut diplomatique ou administratif – tous relevant du ministère de l’Intérieur – ne laisse aucun doute sur les motivations de cette sanction, “clairement en lien avec l’affaire Amir Dz”, assure une source française». Parmi les agents qu’Alger souhaite expulser, certains sont fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, a confirmé à l’AFP une source diplomatique.

Tentative d’assassinat ratée

Vendredi, un agent consulaire algérien avait été mis en examen et inculpé à Paris, soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement en avril 2024 d’Amir Boukhors, dit «Amir DZ», un opposant au pouvoir algérien. Cet opposant au régime d’Abdelmadjid Tebboune, très critique de la gouvernance algérienne et à l’origine de révélations sur des faits de corruption concernant l’armée, était visé par sept mandats d’arrêt algériens. Poursuivi pour des motifs allant du terrorisme à l’escroquerie, il risquait la peine de mort. C’est pour cette raison que la France lui avait accordé l’asile politique en octobre 2023 et a toujours refusé d’extrader cet homme de 42 ans.

En avril 2024, il avait été victime d’une tentative d’assassinat ratée. Le plan, raté pour des raisons financières ou d’impréparation, aurait consisté à exécuter Amir DZ ou bien à le ramener de force en Algérie. Les hommes placés en garde à vue mardi 8 avril, puis mis en examen vendredi, seraient les responsables de l’opération. Le ministère algérien des Affaires étrangères avait tonné samedi soir contre «ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable (qui) causera un grand dommage aux relations algéro-françaises».

Ces propos contrastaient avec l’annonce, la semaine dernière par le ministre français des Affaires étrangères, d’«une nouvelle phase» pour les relations entre Paris et Alger, à l’issue d’un entretien avec son homologue Ahmed Attaf et surtout avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Le président français Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune avaient acté quelques jours auparavant la fin d’une crise d’une intensité rare, qui avait conduit les deux pays au bord de la rupture diplomatique.

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