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Libération
Interview

«En 1957, la mort d’Ali Boumendjel change la perception du mouvement nationaliste algérien»

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La reconnaissance officielle, mardi, de l’assassinat de l’avocat par l’armée française est «importante», estime l’historienne Malika Rahal. Mais dans le cas algérien, ajoute-t-elle, «il est difficile de choisir un cas particulier pour représenter des victimes qu’on a systématiquement niées».
Portrait non daté de l'avocat algérien Me Ali Boumendjel. (Eric Feferberg/AFP)
publié le 4 mars 2021 à 20h05

Emmanuel Macron a reconnu mardi, «au nom de la France», que l’avocat Ali Boumendjel avait été «torturé et assassiné» par l’armée française pendant la bataille d’Alger, en 1957. Une annonce que l’Algérie «a enregistré avec satisfaction», a indiqué jeudi la télévision publique algérienne. L’historienne Malika Rahal, chercheuse à l’Institut d’histoire du temps présent et auteure de Ali Boumendjel, une affaire française, une histoire algérienne, revient sur la figure de cet intellectuel, sur le geste mémoriel du président français et sa réception de l’autre côté de la Méditerranée.

Qui était Ali Boumendjel ?

Ali Boumendjel a un parcours exceptionnel pour son époque. C’est le fils d’un instituteur, il fait partie de cette minorité qui a accès à l’école française. Sa famille déménage beaucoup, il connaît l’Algérie à travers plusieurs territoires bien différents, ce qui nourrira, plus tard, son nationalisme. Il suit les traces de son frère aîné, Ahmed, en faisant des études de droit. Les deux frères Boumendjel appartiennent à la société intellectuelle algéroise. Ali écrit beaucoup, c’est une plume reconnue, il milite dans des mouvements pacifistes et au sein de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas. Depuis