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Covid-19

En Afrique du Sud, omicron à vitesse grand variant

Le nouveau variant, identifié pour la première fois dans le pays, continue de se propager à toute vitesse, mais, pour le moment, les symptômes restent modérés et les hôpitaux ne sont pas débordés.
Dans un centre de vaccination contre le Covid-19 en Afrique du Sud, où un peu moins de 40% de la population est vaccinée. (Jerome Delay/AP)
par Patricia Huon, correspondante à Johannesburg
publié le 14 décembre 2021 à 21h06

Le président Cyril Ramaphosa n’a pas échappé à la nouvelle vague de Covid-19 qui déferle sur l’Afrique du Sud. Agé de 69 ans et entièrement vacciné, il a été testé positif dimanche, après avoir assisté, au Cap, à la cérémonie funéraire en hommage à l’ancien président Frederik de Klerk, mort d’un cancer le mois dernier. Il souffre de symptômes légers et s’est placé en isolement.

En Afrique du Sud, le virus se propage à une vitesse qui dépasse ce qui a été vu lors des précédents pics de l’épidémie. Lundi, 14 000 nouveaux cas ont été détectés, et près de 38 000 dimanche ; contre environ 200 par jour, seulement, il y a quelques semaines.

Le responsable : omicron, le nouveau variant identifié pour la première fois fin novembre par des scientifiques sud-africains, désormais dominant dans le pays et qui, selon les premières observations, semble plus contagieux que le variant delta, pour l’heure encore responsable de l’essentiel des infections dans le monde. Parmi les échantillons séquencés en novembre en Afrique du Sud, «jusqu’à 70% des cas étaient dus au nouveau variant», a déclaré le ministre de la Santé, Joe Phaahla.

La province du Gauteng, très urbanisée, qui comprend la grande ville de Johannesburg et la capitale, Pretoria, est le centre de l’épidémie. Le taux de positivité des tests réalisés y est passé de 2% à la mi-novembre à 31% cette semaine. Avec omicron, le taux de réinfection semble aussi plus élevé, alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Des symptômes légers»

Pas de panique pour autant. Malgré l’augmentation rapide du nombre de cas détectés, les hôpitaux ne sont, pour l’instant, pas surchargés. Et le pays enregistre relativement peu de décès ces dernières semaines.

«Les patients que nous voyons présentent, en grande majorité, des symptômes légers : mal de tête, fatigue, mal de gorge parfois… Mais ils n’ont pas besoin d’oxygène et peuvent généralement se soigner chez eux», constate Angélique Coetzee, présidente de l’Association médicale sud-africaine, qui a reçu quelques dizaines de patients «de tous âges», atteints du Covid-19, dans son cabinet. «Peut-être que ce variant est moins grave, peut-être que le fait qu’une partie de la population est vaccinée joue un rôle», dit-elle, sans tirer de conclusions hâtives.

«Les gens sont trop pressés, avait déclaré, la semaine dernière, la professeure Cheryl Cohen, codirectrice du Centre des maladies respiratoires et de la méningite à l’Institut national des maladies transmissibles d’Afrique du Sud (NICD), au média sud-africain en ligne Daily Maverick. Même les données préliminaires qui ont été publiées nécessitent une discussion, un examen et une évaluation critique.»

Le professeur Shabir Madhi, de l’université de Witwatersrand à Johannesburg, qui a dirigé des essais cliniques du vaccin contre le coronavirus, estime quant à lui que la situation en Afrique du Sud ne pourra pas, seule, constituer un indicateur fiable de la façon dont omicron se développera dans d’autres pays. «Une grande partie de l’immunité qui existe actuellement [ici] est due aux infections antérieures qui ont eu lieu au cours des trois premières vagues», dit-il.

Accélérer la vaccination

Cette nouvelle vague survient alors que l’économie du pays est en récession, et que le taux de chômage a atteint un nouveau sommet de 34,9%. Il sera donc difficile pour le président Cyril Ramaphosa d’imposer des mesures plus strictes pour limiter la propagation du virus à l’approche des fêtes de fin d’année. Pour l’instant, seul un couvre-feu à partir de minuit est en place. Le chef de l’Etat a, en revanche, vivement encouragé la vaccination. Seule un peu moins de 40% de la population adulte est entièrement vaccinée. Et les données hospitalières de la province du Gauteng montrent que plus de 80% des admissions à l’hôpital concernent des personnes non vaccinées. Des points de vaccination ont ouvert dans les centres commerciaux, les clubs sportifs et les églises afin de tenter d’accélérer la campagne et d’atteindre un maximum de personnes. Depuis l’apparition d’omicron, le gouvernement envisage de rendre la vaccination obligatoire, mais n’a pas acté de décision ferme en ce sens. Certaines entreprises privées ont déjà pris les devants et imposé le vaccin à leurs employés. Les Sud-Africains les plus à risque pourront par ailleurs bénéficier d’une troisième dose du vaccin Pfizer à partir de janvier.

Avec 3,2 millions de cas depuis le début de la pandémie et plus de 90 000 morts, l’Afrique du Sud est le pays le plus touché par la pandémie sur le continent.