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Analyse

En Algérie, la Ligue pour la défense des droits de l’homme dissoute en toute discrétion

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Le Hirak, un printemps algériendossier
Le tribunal administratif a prononcé la dissolution de LADDH, la dernière grande organisation indépendante du pays, en septembre. Ses militants l’ont découvert avec stupeur ce week-end.
Lors d'une manifestation à Alger, le 8 mars 2019. (Sabri Benalycherif/Hans Lucas via AFP)
publié le 23 janvier 2023 à 17h47

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) existe-t-elle encore ? Légalement, non, à la grande surprise des intéressés. Les membres de la LADDH ont appris vendredi que le tribunal administratif d’Alger avait prononcé sa dissolution… le 28 septembre. Au sein de l’organisation, personne n’était au courant. Le document du jugement circule seulement depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. On y apprend qu’un procès à son encontre s’est tenu le 29 juin 2022 – sans qu’aucun représentant de la Ligue ne soit présent à l’audience – après une plainte du ministère de l’Intérieur.

Pour les militants, la situation est aussi absurde que tragique. Ainsi disparaît officiellement, dans cette étrange confusion administrative, «le dernier témoin de la détérioration des droits humains en Algérie», indique Saïd Salhi, le vice-président de la LADDH. «On ne va pas se laisser faire, on va se défendre, précise le responsable, exilé en Belgique depuis cet été. Ils ont agi de manière sournoise et lâche. On étudie actuellement avec nos avocats les voies de recours.»

Selon la décision de justice de 28 septembre, il est reproché à la LADDH ses affiliations à des entités internationales (la Fédération internationale des droits de l’homme, le réseau Euromed, la Coordination maghrébine). «Depuis une loi votée en 2012, tout partenariat avec l’étranger doit recevoir l’aval des autorités, détaille un militant à Alger. Le comble, c’est qu’on a réellement