Tous les soirs, les trois frères se retrouvent discrètement pour ne pas éveiller les soupçons de leurs parents, dans l’arrière-boutique familiale d’un quartier huppé d’Alger. Ils cherchent un moyen d’aller aider «leurs frères palestiniens», disent-ils. «On ne peut pas rester les bras croisés quand des enfants se font massacrer», clame Tarik, 33 ans, l’aînée de la fratrie, qui s’occupe de la gérance du magasin de vêtements à la place de son père malade. Avec ses deux frères, l’un étudiant en chirurgie dentaire, l’autre en agronomie, et quelques amis du quartier, il était au premier rang de la marche de soutien à la Palestine du 19 octobre.
La manifestation, à l’appel des partis politiques et des organisations de la société civile pro-régime, a été autorisée par les autorités. Une première depuis les grandes marches contestataires du Hirak, qui avaient provoqué la chute du président Bouteflika en 2019. Le mouvement a été peu à peu étouffé. En Algérie, les rassemblements sont désormais systématiquement interdits. «Même si c’était difficile pour moi de participer à une marche organisée par ce même pouvoir qui a réprimé le Hirak, il fallait que je dénonce le génocide en cours à Gaza, explique Tarik. Et l’hypocrisie des Occidentaux qui dénient aux Palestiniens