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Libération
Reportage

En Egypte, une nouvelle capitale en manque de capitaux

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A une cinquantaine de kilomètres du Caire se construit depuis 2015 la Nouvelle Capitale administrative, monstre de démesure à 52 milliards d’euros voulu par le maréchal Al-Sissi. «Libé» a pu accéder au chantier de ce projet qui enfonce encore un peu plus le pays dans la crise.
Sur le chantier de la Nouvelle Capitale administrative égyptienne, en janvier 2022. (Nick Hannes )
par Laurent Perpigna Iban, envoyé spécial en Egypte
publié le 7 août 2023 à 20h37

Voilà une quarantaine de minutes que le tintamarre qui saisit Le Caire au corps, de jour comme de nuit, s’est tu. Nous nous enfonçons à vive allure sur la route de l’Est, qui relie la mégalopole au golfe de Suez. Soudain, au loin, d’immenses arcades se dessinent dans la brume matinale : c’est le point d’entrée de la Nouvelle Capitale administrative (NAC), un projet pharaonique décidé en 2015 par l’homme fort du pays, le maréchal Al-Sissi, et qui n’a pour l’heure ni nom ni habitant.

Pour espérer franchir cette zone liminaire, il convient d’avoir, au choix, une bonne excuse ou un bon accompagnateur – voire les deux. Bienvenue sur le chantier de celle que beaucoup d’Egyptiens appellent ironiquement «Sissi-City», et qui est en train de devenir la nouvelle capitale de la démesure, de la construction à marche forcée, et d’un certain «quoi qu’il en coûte».

La folie des grandeurs

Si les contrôles à l’entrée sont rigoureux, c’est que l’endroit est sensible : pour le très autocratique Abdel Fattah al-Sissi, parvenu au pouvoir il y a dix ans à la faveur d’un coup d’Etat militaire, c’est le futur de l’Egypte autant que sa postérité qui se dessinent ici. Le constat est sans appel : il règne sur cet îlot de béton tout droit sorti des limbes du désert un parfum de Golfe. Les autorités l’ont