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Libération
Guerre civile

En Ethiopie, les miliciens «fanno» barrent la route à la paix

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Les combattants nationalistes amharas ont servi de supplétifs à l’armée fédérale pendant la guerre au Tigré. Ils se sont emparés de vastes territoires dont ils ont chassé la population tigréenne et qu’ils n’entendent pas restituer.
A Dessie en décembre, ville de la région Amhrara prise au Front de libération du peuple du Tigré. ( Minasse Wondimu Hailu/Anadolu Agency via AFP)
publié le 25 mai 2022 à 15h58

Ils sont devenus des alliés bien encombrants. Les miliciens fanno, que le gouvernement d’Abiy Ahmed a utilisés dans sa guerre contre la région rebelle du Tigré, lancée en novembre 2020, l’empêchent aujourd’hui de faire la paix. Près de 4 000 personnes ont été arrêtées ces derniers jours dans le nord de la région Amhara, où les membres de ce mouvement régionaliste sont les plus actifs, selon un média officiel local. Au moins 200 d’entre eux sont soupçonnés de meurtre, selon le chef de la sécurité régionale, Desalegne Tasew, qui les accuse de mener des «activités illégales» au nom des fanno. Retour sur ce groupe irrédentiste amhara créé en 2016, qui a servi de force supplétive à l’armée fédérale pendant la guerre, avant de devenir le fer de lance d’une campagne de nettoyage ethnique dans les zones du Tigré occupées.

Le mot fanno, en amharique, «désignait les paysans libres qui disposaient de leurs propres armes et accompagnaient les armées impériales dans les conquêtes, en se servant sur les populations», rappelle Mehdi Labzaé, sociologue au Centre français d’études éthiopiennes à Addis-Abeba. Le terme a refait surface en 2016, dans un contexte de tension ethnique exacerbée, comme un pendant aux qeeroos,