Tout le monde connaît l’endroit, dans le quartier Aviation. Sous le grand manguier, derrière l’école Koumba Diawara. Il y a un ruisseau verdâtre au pied de l’arbre. L’eau est gratuite, les fillettes y lavent des habits. Ces petites travailleuses sont à louer. Elles quittent généralement leur village le lundi, voyagent un jour et une nuit, arrivent à Conakry le mardi. En fin de semaine, il n’y a presque plus d’enfants sous le manguier. Elles ont été placées comme domestiques.
«Toutes les mères aimeraient que leurs enfants aillent à l’école, se défend Kourouma Barry (1), originaire du village de Dinguiraye, comme les cinq femmes assises à ses côtés à l’ombre du manguier. Mais là-bas, les conditions étaient trop difficiles. Quand le champ ne donne pas, tu n’as rien. Avec quoi suis-je censée nourrir la famille ?» Elle a de longs pendants d’oreille et un foulard bleu relevé derrière sa nuque. Un pagne et un tee-shirt, la tenue habituelle du lumpenprolétariat féminin en Afrique de l’Ouest. Quand Kourouma Barry parle de sa fille Aminata (1), 11 ans, elle passe du rire aux larmes.
La petite est allée à l’école de Dinguiraye pendant trois ans. En 2023, après une mauvaise récolte qui a ruiné la famille, sa mère l’a accompagnée jusqu’à Conakry pour la placer comme bonne. Elle a trouvé une famille qui l’employait pour 300 000 francs guinéens (32 euros) par mois. Le salaire minimum est de 550 000 francs (60 euros) en Guinée. L’argent était reversé à la mère.
Image familière
«Il y avait tro