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Mémoire

En Guinée, les putschistes au pouvoir ravivent «les plaies béantes» des années Sékou Touré

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Libé Afriquedossier
La junte a rebaptisé l’aéroport international de Conakry du nom du premier président du pays. Le héros de l’indépendance, adulé par une partie du pays, fut aussi un dirigeant paranoïaque et impitoyable. Les victimes de la répression s’inquiètent de ce retour en grâce.
Le président guinéen Ahmed Sékou Touré en décembre 1978. (AFP)
publié le 6 juin 2022 à 12h45

La route de Camayenne ressemble à un miroir. Lisse, sans accroc. Cet axe névralgique de Conakry, construit en 1963 avec l’aide de l’URSS, devait être rénové sous la présidence d’Alpha Condé de 2010 à 2021, mais le chantier s’éternisait. Il a été bouclé peu après le coup d’Etat du 5 septembre 2021. En une couche d’asphalte, le putschiste Mamadi Doumbouya a montré qu’il pouvait aller vite. Dix kilomètres plus loin, le lieutenant-colonel a lancé les travaux du rond-point du quartier Bambeto, au goudron éventré. De quoi réjouir les Guinéens qui s’épuisent depuis des lustres sur des routes raccommodées. Mais en contrebas de Bambeto, le chef de la junte a laissé une empreinte plus controversée dans le paysage. Elle étincelle en lettres jaunes dans la nuit, au bord de l’autoroute Fidel-Castro : «Aéroport international Ahmed-Sékou-Touré».

C’est par un décret lu au JT de la télévision nationale, un soir de décembre 2021, que la population a appris le nouveau nom de l’aéroport. Entre jo