Il y a fort à parier que Mohamed Ould Ghazouani déteste les campagnes électorales. Le président mauritanien se prête au jeu des tournées et des meetings, mais face aux foules, il force visiblement sa nature. Visage fermé derrière ses petites lunettes, stature raide, il enchaîne les discours de sa voix monocorde. Sans effet de manche. D’où il vient, la discrétion est une vertu. Ghazouani est un militaire de carrière, un ancien du renseignement. Il est issu d’une famille de lettrés d’origine maraboutique, appartenant à l’influente tribu des Ideiboussat. «De par son origine, il n’a pas besoin de beaucoup parler pour obtenir le respect», explique Abdel Wedoud Ould Cheikh, professeur émérite à l’université de Lorraine, qui précise que «cette réserve n’est pas un handicap en Mauritanie».
A Nouakchott, personne ne doute que Mohamed Oud Ghazouani, 67 ans, décrochera un deuxième mandat. Probablement même dès le premier tour du scrutin, samedi 29 juin, comme il y a cinq ans. Parmi ses opposants, ni le charismatique Biram Dah Abeid, militant antiesclavagiste et défenseur de la communauté haratine (dite des «Maures noirs»), ni Hamadi Ould Sidi el Mokhtar, du parti islamiste Tawassoul, qui présente officiellement un candidat pour la première fois, ne sont réellement en mesure de lui faire de l’ombre.