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Justice

En Mauritanie, l’ex-président Aziz devant les juges pour justifier sa fortune

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Le procès de l’ancien chef de l’Etat, lâché par son successeur Ghazouani, s’est ouvert mercredi à Nouakchott sous haute surveillance. Un moment de justice exceptionnel en Afrique et dans le monde arabe.
Des hommes avec une pancarte anti-Aziz, mercredi à Nouakchott. (Med Lemin Rajel/AFP)
publié le 26 janvier 2023 à 14h59

A l’appel de son nom, l’homme en boubou blanc s’est levé et a fait un signe de la main depuis le box des accusés aux allures de cage métallique, plongé dans la pénombre. L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, 66 ans, port militaire, moustache fine et crâne dégarni, est jugé à Nouakchott avec neuf autres accusés pour «enrichissement illicite», «abus de fonction», «trafic d’influence» et «blanchiment». Son procès s’est ouvert mercredi. Un moment de justice exceptionnel en Afrique et dans le monde arabe, où les anciens chefs d’Etat ont très rarement des comptes à rendre sur la fortune personnelle acquise au cours de leurs mandats. Encore moins quand leurs successeurs sont aussi leurs dauphins, comme dans le cas mauritanien.

Après onze ans passés à la tête du pays, le général porté au pouvoir par un putsch en 2008, puis élu président l’année suivante et réélu en 2014, avait cédé la place à l’un de ses plus fidèles compagnons, son ancien chef d’état-major Mohamed Ould Ghazouani, en 2019. Contre toute attente, ce passage de témoin organisé entre les deux militaires n’a pas empêché Mohamed Ould Abdel Aziz de se retrouver dans le collimateur de la justice mauritanienne. «C’est une sorte de couple Poutine-Medvedev [le premier avait laissé son fauteuil présidentiel au second pendant un mand