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Reportage

En RDC, des mères emprisonnées à la maternité faute de pouvoir payer

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Libé Afriquedossier
En attendant la couverture santé universelle promise par le Président, des femmes se retrouvent bloquées à la maternité faute de pouvoir régler leurs soins.
Annaëlle (16 ans) et ses jumelles sont restées plus de deux semaines retenues dans une maternité de Kinshasa. (Justin Makangara/Libération)
publié le 26 février 2023 à 9h25

Annaëlle lève les yeux vers Christivy et Christella, ses jumelles nées il y a deux semaines. Elle est allongée de tout son long, sur un lit de l’hôpital Bethesda, à Kinshasa, la capitale de la république démocratique du Congo (RDC). La tête posée sur son avant-bras, son regard se fixe un temps le plafond et les taches d’humidité qu’elle connaît par cœur. Vite rappelée à la réalité par la cicatrice encore douloureuse de la césarienne, elle souffle : «Nous n’avons pas d’argent pour payer l’opération.»

Comme dans un cauchemar, l’adolescente de 16 ans est bloquée dans cette cellule, faute de pouvoir payer les frais liés à sa maternité. Yvette Kilanga, sa maman qui vient lui rendre visite chaque jour, n’a pas pu faire face à l’imprévu de la complication. «Sa grande sœur a accouché deux fois dans ce même centre de santé, raconte-t-elle. Il n’y avait jamais eu de problème.» En république démocratique du Congo, près de 64 % de la population vivait en 2021 avec moins de 2,15 dollars (2 euros) par jour, note la Banque mondiale. A 40 dollars l’accouchement, «on peut s’en sortir», assure Yvette. Débourser les 150 dollars de la césarienne est une autre histoire.

Pour éponger la dette, Yvette a proposé ses services au sein du centre de santé. «Je fais surtout le ménage», explique la femme de 50 ans. Une façon pour elle de payer une partie des médicaments prescrits et d’apporter à manger à sa fille ainsi qu’aux autres femmes qui partagent sa situation.

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