«Ils ont construit plus de 100 maisons en secret.» Plus que la relocalisation à marche forcée de milliers de bergers massaïs, établis depuis des générations dans la réserve naturelle de Ngorongoro, c’est le manque de transparence et de concertation de la part du gouvernement tanzanien qui semble navrer cette communauté. Laquelle a appris inopinément son relogement, 600 km plus loin. Les frustrations, multiples, émaillent le rapport de 86 pages de Human Rights Watch intitulé «It’s Like Killing Culture» («C’est comme tuer la culture»). L’organisation détaille les méthodes employées par les autorités pour inciter les Massaïs à quitter leur terre, au nom de la conservation de la nature et de la relance du secteur touristique.
Ngorongoro est une zone protégée située dans le nord de la Tanzanie. Une de ces merveilles naturelles prisées par les amateurs de safari en quête des «Big Five» (lion, léopard, rhinocéros, buffle, éléphant). En 2017, près de 650 000 touristes s’y sont rendus, ce qui a généré 53 millions d’euros de revenus. «Avant la pandémie de Covid-19, la contribution directe et indirecte du tourisme au PIB de la Tanzanie était de près de 11 %, et le secteur du tourisme était la plus grande source de devises étrangères du pays», note Jevgeniy Bluwstein, géographe à l’université de Fribourg,