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Droits humains

En Tanzanie, des milliers de Massaïs expulsés de leur terre sur fond de relance du tourisme

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82 000 éleveurs massaïs sont censés quitter la réserve naturelle de Ngorongoro d’ici à 2027. Les premières relocalisations, sous le contrôle de rangers employés par le gouvernement, se sont accompagnées de nombreuses violations de leurs droits.
Des bergers massaïs dans la réserve naturelle de Ngorongoro, une zone protégée située dans le nord de la Tanzanie. (Monica Dalmasso/Hemis via AFP)
publié le 4 août 2024 à 16h58

«Ils ont construit plus de 100 maisons en secret.» Plus que la relocalisation à marche forcée de milliers de bergers massaïs, établis depuis des générations dans la réserve naturelle de Ngorongoro, c’est le manque de transparence et de concertation de la part du gouvernement tanzanien qui semble navrer cette communauté. Laquelle a appris inopinément son relogement, 600 km plus loin. Les frustrations, multiples, émaillent le rapport de 86 pages de Human Rights Watch intitulé «It’s Like Killing Culture» («C’est comme tuer la culture»). L’organisation détaille les méthodes employées par les autorités pour inciter les Massaïs à quitter leur terre, au nom de la conservation de la nature et de la relance du secteur touristique.

Ngorongoro est une zone protégée située dans le nord de la Tanzanie. Une de ces merveilles naturelles prisées par les amateurs de safari en quête des «Big Five» (lion, léopard, rhinocéros, buffle, éléphant). En 2017, près de 650 000 touristes s’y sont rendus, ce qui a généré 53 millions d’euros de revenus. «Avant la pandémie de Covid-19, la contribution directe et indirecte du tourisme au PIB de la Tanzanie était de près de 11 %, et le secteur du tourisme était la plus grande source de devises étrangères du pays», note Jevgeniy Bluwstein, géographe à l’université de Fribourg,