Alors que la Tunisie guette le moindre de ses mouvements depuis son coup de force, mené dans la nuit du 25 juillet, le président Kaïs Saïed est apparu à la télévision nationale mercredi, pour pourfendre «ceux qui pillent l’argent public». Solennel et froid, comme à son habitude. Sa première allocution a donc été consacrée à la lutte contre la corruption. Sans surprise, ce thème – une obsession chez ce modeste enseignant en droit – étant l’une des principales raisons de sa solide popularité. Mais l’offensive présidentielle est aussi un motif d’inquiétude pour ceux qui s’inquiètent de la soudaine concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme, à rebours des principes démocratiques établis après le printemps tunisien de 2011.
Profil
Dimanche, lors de son discours annonçant la suspension des travaux du Parlement et le limogeage du chef du gouvernement, Kaïs Saïed avait affirmé qu’il dirigerait désormais lui-même le ministère public – la formule a entre-temps disparu du communiqué écrit de la présidence – et déclaré la levée de l’immunité parlementaire des députés. Deux mesures d’exception immédiatement saluées par des milliers de personnes dans les rues du pays, mais qui ont fait tousser de nombreux constitutionnalistes tunisiens. Le lendemain, le ministre de la Justice était remercié. Quarante-huit