Menu
Libération
Autocratie

En Tunisie, Kaïs Saïed précipite la deuxième République vers la fin

Article réservé aux abonnés
Deux mois après avoir gelé le Parlement et dissous le gouvernement, le président tunisien a franchi une étape supplémentaire mercredi en s’octroyant le pouvoir de légiférer et en ouvrant la voie à un référendum constitutionnel.
Le président tunisien, Kaïs Saïed, lundi à Sidi Bouzid. (Slim Abid/AP)
publié le 23 septembre 2021 à 15h21

La deuxième République est morte, vive l’autocratie provisoire ! Mercredi soir, le président de la République a promulgué un décret, véritable mini-Constitution de 23 articles, dans laquelle il s’arroge tous les pouvoirs sans possibilité de recours. Au nom de la souveraineté du peuple et d’un «péril […] non pas imminent, mais réel, notamment au sein de l’Assemblée des représentants du peuple», Kaïs Saïed a suspendu le pouvoir législatif et exécutif. Il a également aboli l’Instance provisoire du contrôle de la constitutionnalité et interdit toute contestation de ses décrets-lois à venir. Le 25 juillet, le professeur de droit de 63 ans avait déjà gelé l’activité du Parlement et dissous le gouvernement. Désormais, il s’attaque au texte fondamental issu de la révolution. L’article 22 prévoit que le président de la République élabore un projet de réformes politiques, aidé d’une commission organisée par lui-même, qui devra être soumis à référendum.

«Le 25 juillet était salutaire car le pays traversait une triple crise économique, politique et sanitaire. S’attaquer à la corruption était également nécessaire. Mais là, Kaïs Saïed s’accapare