Menu
Libération
Démocratie

En Tunisie, le puissant syndicat UGTT cherche son nouveau souffle

Article réservé aux abonnés
La Tunisie après Ben Alidossier
Dossiers liés
Autrefois seul contre-pouvoir, l’organisation de travailleurs peine à trouver sa place entre une société civile en ébullition et un pouvoir politique fragmenté. Elle a une nouvelle fois été appelée à la rescousse pour résoudre la crise qui agite le pays depuis le 14 janvier, dix ans après la révolution.
Devant le siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens, à Tunis, en novembre 2018. (Zoubeir Souissi/Reuters)
publié le 10 février 2021 à 18h35

En cas de doute sur la ligne à suivre, les chefs de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) sont invités à méditer sur les quatre portraits des héros du syndicalisme tunisien. Nobles visages peints dans un style proche du réalisme socialiste. Leur accrochage est obligatoire dans chaque bureau de section. Des doutes, ces temps-ci, l’organisation de travailleurs n’en manque pas : alors que les Tunisiens subissent de plein fouet la crise économique aggravée par la pandémie, l’UGTT demeure le médiateur incontournable dans la querelle institutionnelle qui oppose le président de la République, le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée. Les trois hommes s’écharpent autour de la validation ou non d’un remaniement ministériel, dernière bataille en date d’une guerre politique ouverte depuis des mois.

Les cadres des ancêtres de l’UGTT semblent les juger sévèrement. La moustache de Mohamed Ali El Hammi, fondateur du syndicalisme tunisien en 1924, rappelle que le mouvement s’est fondé autant sur la préoccupation de la cause ouvrière que sur celle de faire entendre la voix des travailleurs arabes face aux Européens. La chéchia, couvre-chef national, dont est coiffé Farhat Hached, premier dirigeant l’UGTT en 1946, symbolise son ADN indépendantiste. Il fut assassiné en 1952 par la Main rouge, organisation créée