Malgré le soleil, le vent perçant glace les pieds protégés par des chaussettes trouées et des sandales en plastique trop petites. Après plusieurs rondes à inspecter les alentours, le petit groupe d’une dizaine de migrants a décidé de retourner lundi 27 novembre sur le lieu du crime, au «kilomètre 19». Vendredi, des migrants ont attaqué un véhicule de la Garde nationale (équivalent de la gendarmerie) venu détruire les bateaux métalliques, cachés sous des bâches aux pieds des oliviers s’étendant à perte de vue le long de la côte sahélienne, à 19 kilomètres de Sfax, la deuxième ville du pays. «Le matin, on a vu des voitures de la Garde nationale arriver avec des machines pour casser les bateaux. Des migrants sont arrivés en criant. Ils ont attaqué une voiture. Les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes. Ils nous ont acculés sur la plage. Ils en ont arrêté certains», raconte Soumaoro, chef improvisé d’un groupe de rescapés. Dans la soirée, ils apprennent que les assaillants se sont emparés d’un fusil d’assaut.
Reportage
Dans ce haut lieu de départs pour l’Europe, les affrontements ne sont pas rares entre forces de l’ordre et Subsahariens, mais c’est la première fois que l’accrochage tourne à l’avantage de ces derniers. Depuis, des camps de fortune des candidats à la traversée ont été rasés. Délogés du «kilomètre 19» le samedi matin, Soumaoro et ses compagnons ont décidé d’y revenir lundi, comme une cinquantaine d’autres. Les lambeaux de bâche et de couvertures servent à recon