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Mesures d'exception

En Tunisie, les dérives de l’opération mains propres de Kaïs Saïed

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Soutenu par la majorité des Tunisiens, le Président, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs fin juillet, poursuit sa croisade anticorruption. Mais juges, avocats et opposants redoutent une dérive autoritaire. Le Parlement pourrait être dissous dès ce lundi.
Kaïs Saïed à Tunis en 2019. (Nicolas Fauque/Images de Tunisie. Abaca)
publié le 12 septembre 2021 à 15h04

Jusqu’ici, il n’avait jamais osé franchir le Rubicon. Malgré une enquête pour blanchiment d’argent et évasion fiscale ouverte en 2016 et plus de six mois en détention préventive, Nabil Karoui, magnat des communications et finaliste de l’élection présidentielle en 2019, n’envisageait pas de fuir. Le fondateur de Nessma TV, la première chaîne privée du pays, clamait qu’il ne se déroberait pas à la justice, se posant en prisonnier politique lors de ses incarcérations. La politique anticorruption musclée mise en place par le président de la République, Kaïs Saïed, depuis le 25 juillet, a changé la donne. L’homme d’affaires et son frère, Ghazi, député de Qalb Tounès («Au cœur de la Tunisie», libéral), parti politique créé par Nabil Karoui, se sont rendus illégalement en Algérie, avant d’être arrêtés le 28 août et de faire l’objet, depuis, d’intenses tractations diplomatiques.

Pour les partisans de Kaïs Saïed, cette fuite démontre l’utilité de l’état d’exception instauré le 25 juillet qui donne les quasi pleins pouvoi