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Sexualité

En Tunisie, «les jeunes femmes sont élevées dans la peur de perdre leur virginité»

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Dans un récent sondage, 41 % des jeunes Tunisiens interrogés déclarent avoir une vie sexuelle avant le mariage. Celle-ci commence de plus en plus tôt, mais reste marquée par la peur et le tabou persistant du désir féminin.
A Tunis, en mai. (Frédéric Soltan/Getty Images)
par Rihab Boukhayatia, Intérim à Tunis
publié le 29 juillet 2023 à 9h18

L’été est la saison des fêtes nuptiales en Tunisie. Pour Sana, 27 ans, c’est le jour du hammam. Suivie d’un cortège exclusivement féminin, la future mariée, originaire de Béni Khiar, dans le gouvernorat de Nabeul, se rend au bain maure situé à proximité de chez elle. Les chants traditionnels et les percussions de la darbouka accompagnent la cérémonie conçue pour purifier la fille avant la nuit de noces. Dans les chansons, il est notamment question des rapports hommes femmes. Des allusions sexuelles cocasses y sont glissées. Et on en rit. «C’est l’un des rares moments où on évoque publiquement la sexualité de manière décontractée», balance Rabeb, 23 ans, la cousine de la mariée.

Dans deux jours, Sana se retrouvera enfin avec son mari sous le même toit. Elle y aura précisément son premier rapport vaginal. Avant cela, le couple n’a pas fait que se tenir la main. «On a eu quelques actes sexuels superficiels. Disons que je ne vais pas découvrir sa bite à la nuit de noces», éclate-t-elle de rire. Malgré tout, quand on lui parle de virginité, la jeune femme se montre inflexible. «Il ne faut pas être totalement accessible à un homme, il te trouvera légère et finira par se barrer», assure-t-elle.

Perception conservatrice autour de la sexualité

Comme Sana, beaucoup de jeunes Tunisiens ont une vie affective et sexuelle avant le mariage. Elle commence de plus en plus tôt : 15 ans en moyenne pour les garçons et 16 ans pour les filles, d’après l’enquête du groupe Tawhida Ben Cheikh pour la recherche et l’action sur l