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Libération
Soulagement

En Tunisie, un homme condamné à mort pour des messages Facebook finalement libéré

Saber Ben Chouchane, détenu depuis janvier 2024 pour des publications hostiles au président Kaïs Saïed, a été relâché en début de semaine, sans que les raisons de cette décision ne soient connues pour le moment.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, à Tunis, en 2024. (Présidence tunisienne/AP)
Publié le 07/10/2025 à 11h06

L’affaire avait provoqué un scandale en Tunisie. Saber Ben Chouchane, âgé de 51 ans et détenu depuis janvier 2024, avait été condamné la semaine dernière à la peine de mort par un tribunal de Nabeul, dans le nord du pays, pour des publications sur Facebook «considérées comme portant atteinte au président [Kaïs Saïed], à la ministre de la Justice et à la justice», selon son avocat, Me Oussama Bouthelja. Il a finalement été libéré. «Sa famille m’a contacté [la nuit dernière] et m’a dit qu’il était rentré et qu’il était à la maison», a fait savoir l’avocat ce mardi 7 octobre, sans pouvoir encore communiquer de détails sur ce qui avait permis la libération de son client.

Des militants des droits humains avaient vivement dénoncé la décision du tribunal de Nabeul, à l’image du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) qui avait décrit un «précédent très grave» qui «trahit l’état critique de la justice en Tunisie». L’organisation avait dénoncé une «bévue monumentale» à l’encontre d’un «père de trois enfants». Me Bouthelja a expliqué pour sa part avoir été «choqué» en apprenant le verdict. «Je n’y ai d’abord pas cru […]. Puis j’ai été choqué, stupéfait, sidéré», a-t-il affirmé.

Depuis que Kaïs Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs lors d’un coup de force en juillet 2021, les défenseurs des droits humains dénoncent un recul des libertés en Tunisie. Des dizaines d’opposants, avocats, journalistes et militants de l’aide aux migrants sont emprisonnés, soit en vertu du décret 54 sur les fausses informations, soit pour des motifs liés à la législation antiterroriste. La justice tunisienne continue à prononcer régulièrement des sentences capitales, notamment dans des affaires de terrorisme. A la fin de l’année 2023, 136 condamnés à mort dormaient dans les geôles du pays, dont 49 condamnés sur la seule année 2022, selon les chiffres de l’ONG Ensemble contre la peine de mort (ECPM). Mais un moratoire est appliqué de fait et aucune exécution n’a eu lieu depuis 1991.