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Afrique

Entre l’Ethiopie et l’Egypte, du barrage dans l’air

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Plus de dix ans après le début des travaux, l’Ethiopie a inauguré le barrage de la Renaissance, situé sur le Nil bleu, appelé à devenir le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique. Erigé comme un symbole nationaliste, il est contesté par Le Caire.
Lors de la cérémonie d'inauguration du barrage de la Renaissance sur le Nil bleu, à Guba (Ethiopie), le 20 février. (Amanuel Sileshi/AFP)
par Arno Tarrini
publié le 22 février 2022 à 17h03

Il a enfin produit ses premiers mégawatts. Inauguré triomphalement par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, le grand barrage de la Renaissance (ou Gerd, pour Grand Ethiopian Renaissance Dam) a été mis en route dimanche 20 février après plus d’une décennie de travaux et autant de controverses. Long de 1,8 kilomètre et haut de 145 mètres, l’ouvrage est censé devenir le plus gros barrage du continent. Lorsque ses 13 turbines tourneront à plein régime (une seule est pour le moment entrée en fonction), il permettra à l’Ethiopie de produire 5 gigawatts d’électricité, soit le double de sa production actuelle.

Pour le gouvernement éthiopien, l’objectif est clair : «Se servir de l’eau du Nil pour développer le pays et lutter contre la pauvreté», affirme Patrick Ferras, directeur de l’Observatoire de la Corne de l’Afrique. Une volonté de l’ancien Premier ministre Meles Zenawi, leader de la coalition au pouvoir jusqu’en 2018, à l’origine du projet. Mais c’est aujourd’hui Abiy Ahmed «qui en récolte les fruits» dans un contexte de guerre civile entre le gouvernement central et les rebelles tigréens du TPLF (Front de libération du peuple du Tigré).

«L’Ethiopie est toujours confrontée à une crise économique majeure parce qu’elle est en guerre civile. Le barrage va permettre de produire