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Libération
Asie du Sud-Est

Escroquerie : quatorze Marocains retenus à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie

La presse marocaine rapporte que des jeunes originaires du Maroc, victimes d’une arnaque en ligne, ont été kidnappés par des réseaux criminels en Thaïlande et sont désormais séquestrés à la frontière birmane.
Des militaires thaïlandais montent la garde près de la frontière avec la Birmanie à Mae Sot, le 11 avril. (Valeria Mongelli /AFP)
publié le 13 mai 2024 à 17h24

Ils pensaient se rendre en Thaïlande pour travailler et obtenir un meilleur salaire. Ils seraient finalement séquestrés par des réseaux criminels à la frontière birmane. L’affaire, qui secoue le royaume chérifien, vient d’être révélée dans la presse locale. Quatorze Marocains, la plupart âgés de moins de 30 ans, sont actuellement détenus dans le pays d’Asie du Sud-Est après avoir été victimes d’une arnaque en ligne, également appelée «scamming».

Les jeunes ont été attirés par de fausses offres d’emploi dans le commerce électronique. Des entités opérant sous la forme d’entreprises, basées à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, leur avaient promis une rémunération alléchante, couvrant à la fois leurs frais d’hébergement et de transport. Ces personnes ont été prises au piège depuis le royaume, par l’intermédiaire de citoyens qui opèrent sous un faux profil, servant eux-mêmes de relais à d’autres Marocains déjà basés en Birmanie. Selon les médias marocains, les victimes ont d’abord transité par la Malaisie, avant d’être «kidnappés» en Thaïlande. Elles ont ensuite été transférées par avion dans une zone à la frontière avec la Birmanie, connue pour ses activités illégales par des groupes rebelles.

Des Subsahariens victimes aussi d’escroquerie

Les informations sur le sort réservé à ces individus sont ensuite beaucoup plus floues. Le lieu exact de leur détention n’est toujours pas connu. Certains ressortissants marocains impliqués dans l’affaire seraient par ailleurs des rabatteurs, et non des victimes. D’autres ont pu échapper à la détention contre une rançon envoyée par leurs proches. Des cas de torture et des menaces de mort ont été rapportés. Face à ces questions restées sans réponse, les familles des Marocains, réunies au sein d’un comité, ont dénoncé le manque d’action concrète de la part de la diplomatie marocaine.

Elles pointent également du doigt la responsabilité des autorités chinoises : «Les gangs qui détiennent [nos] enfants et les exploitent dans des arnaques en ligne sont tous de nationalité chinoise. Nous les appelons à intervenir d’urgence pour libérer les Marocains détenus.» Les proches des victimes ont ainsi annoncé l’organisation prochaine d’un sit-in devant le siège du ministère des Affaires étrangères et l’ambassade de Chine à Rabat, ainsi que la tenue d’une conférence de presse.

Selon une source diplomatique interrogée par le média en ligne Le360, les autorités marocaines sont à l’œuvre pour obtenir leur libération. Dans un communiqué, l’ambassade de Thaïlande à Rabat a par ailleurs fait part de la disposition des autorités thaïlandaises à coopérer avec celles des pays dont les ressortissants sont kidnappés, soulignant un phénomène «relativement récent» qui impliquerait d’autres nationalités, dont des Subsahariens. Les victimes auraient, selon elle, été arnaquées par des mafias malaisiennes, chinoises et russes opérant dans l’Asie du Sud-Est. Pour empêcher que d’autres personnes tombent dans ce guet-apens, la représentation diplomatique thaïlandaise affirme avoir pris des mesures exceptionnelles dans les procédures d’octroi de visas.