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Massacre

Ethiopie : «au moins 45 civils» exécutés par les forces de sécurité le 29 janvier

Selon des accusations faites par la commission éthiopienne des droits humains mardi 13 février, les forces gouvernementales ont exécuté au moins 45 habitants du nord-ouest du pays, où ont lieu des affrontements avec la milice locale dans un contexte d’insurrection.
Des hommes de la milice Amhara, qui combattent aux côtés des forces fédérales et régionales contre la région septentrionale du Tigré, reçoivent une formation à la périphérie du village d'Addis Zemen, au nord de Bahir Dar, en Éthiopie, le 10 novembre 2020. (Eduardo Soteras /AFP)
publié le 13 février 2024 à 12h01

Les forces gouvernementales éthiopiennes ont exécuté le 29 janvier au moins 45 habitants d’une ville de l’Etat régional de l’Amhara, au nord-ouest du pays, où elles affrontent des milices locales, dénonce ce mardi la Commission éthiopienne des droits humains (EHRC). «L’EHRC enquête sur les victimes civiles consécutives à des combats […] le 29 janvier 2024 dans la localité de Merawi», ce qui lui a «permis de confirmer les identités d’au moins 45 civils exécutés par les forces de sécurité gouvernementales», indique cette institution publique statutairement indépendante. Les victimes auraient été exécutées car «accusées de soutenir les Fano», une milice populaire «d’autodéfense» amhara, la deuxième communauté ethno-linguistique d’Ethiopie. L’enquête porte précisément «sur les victimes civiles consécutives à des combats entre les forces de sécurité gouvernementales et les Fano».

L’EHRC estime cependant que ce bilan est en dessous de la réalité, puisque «son travail d’enquête n’a pu être totalement mené à bien», faute «d’informations exhaustives en raison de la situation sécuritaire». Le 9 février, l’antenne de la BBC en amhara et le site d’information éthiopien Addis Standard citaient au moins 50 civils, et selon les témoins interrogés, cette tuerie serait survenue en représailles à des affrontements le même jour entre les forces fédérales et Fano.

Le rapport souligne, en outre, que le 19 janvier, «au moins 15 personnes, dont des femmes (...) ont été tuées» dans la localité de Yeidwuha, à environ 300 km au Sud de Merawi, «lors d’une opération de perquisitions systématiques de maisons consécutives à des combats».

Etat d’urgence depuis août 2023

Le Parlement éthiopien a prolongé début février pour quatre mois l’état d’urgence instauré en août 2023 en Amhara pour tenter – pour l’heure sans succès – de réduire l’insurrection des Fano, déclenchée par une tentative du gouvernement fédéral de désarmer des forces amharas. Environ 90 % des habitants de l’Etat régional Amhara – qui compte quelque 23 millions d’habitants – appartiennent à la communauté amhara.

Depuis qu’Abiy Ahmed est devenu Premier ministre en 2018, de nombreuses zones de l’Ethiopie – deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec 120 millions d’habitants – sont en proie à des violences politiques et communautaires, accompagnées de nombreuses exactions perpétrées par les divers camps. En région Oromia, un groupe armé local, l’armée de libération oromo (l’OLA), affronte ainsi depuis 2018 les forces fédérales dans de larges parts de cet Etat régional, le plus vaste et plus peuplé d’Ethiopie où plusieurs massacres de civils, dont les auteurs ne sont pas clairement identifiés, ont été signalés ces dernières années.

Mis à jour : à 12 h 38 avec davantage d’éléments de contexte.