«Je suis chirurgien à l’hôpital universitaire de référence de Mekele, le plus gros établissement de santé du Tigré. J’y travaille toujours, même si l’hôpital est à peine fonctionnel en raison du manque de matériel médical, du manque d’oxygène, du manque de médicaments, du manque d’électricité, du manque de carburant… Nous n’avons pas de produits de base, comme des antibiotiques ou des perfusions. Nous n’avons plus non plus de traitements contre le cancer. Ni de vaccins pour les enfants. Tout ça était livré par le gouvernement fédéral, qui a cessé de nous approvisionner.
«Nous sommes forcés de refuser des patients. Peut-on les admettre à l’hôpital et les garder pendant des jours, des semaines, sans les soigner ? Nous les renvoyons chez eux, nous les regardons mourir parfois, impuissants. Au printemps, nous avons même dû refuser des patients à cause du manque de nourriture à l’hôpital. Malgré la trêve [annoncée fin mars, ndlr], la guerre n’a jamais vraiment cessé pour nous. Les médicaments n’arrivaient pas, notre argent non plus. Nous vivons un siège total, au sens médiéval. L’aide ne passait qu’au compte-goutte : les livraisons de l’Orga