Un journaliste français, Antoine Galindo, est incarcéré à Addis-Abeba depuis son arrestation il y a quatre jours, a annoncé ce lundi 26 février son employeur, la publication spécialisée Africa Intelligence. Le chef de la rubrique Afrique de l’Est du média a ainsi été déféré samedi 22 février devant un juge qui a prolongé sa détention jusqu’au 1er mars, d’après la publication. Les autorités éthiopiennes l’accusent de «conspirer en vue de créer le chaos» dans le pays. Des «accusations fallacieuses» qui «ne se basent sur aucun élément tangible permettant de justifier cette privation de liberté prolongée», a dénoncé Africa Intelligence dans un communiqué.
Selon une source proche du dossier ayant requis l’anonymat, Antoine Galindo a été arrêté jeudi après-midi dans la capitale éthiopienne en compagnie d’un responsable du Front de libération oromo (OLF), parti politique d’opposition légalement enregistré, avec qui il avait rendez-vous. Un porte-parole de l’OLF a confirmé à l’AFP qu’un responsable du parti avait été arrêté jeudi à la même heure à Addis-Abeba, sans pouvoir confirmer qu’il était en compagnie du journaliste. Ce responsable est, lui aussi, toujours en détention.
Antoine Galindo, 36 ans, était arrivé en Ethiopie le 13 février pour couvrir notamment le Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, où siège l’organisation panafricaine. «Antoine Galindo, journaliste connu de l’Ethiopian Media Authority», l’organe de supervision des médias en Ethiopie, «disposait d’un visa l’autorisant à exercer son activité de journaliste», souligne Africa Intelligence dans le document. Antoine Galindo a résidé en Ethiopie entre 2013 et 2017, quatre années durant lesquelles il était le correspondant de plusieurs médias internationaux. Diplômé de l’Institut pratique du journalisme (IPJ) à Paris, Antoine Galindo «cumule près de dix années d’expérience en journalisme multimédia, dont six passées sur le continent africain», d’après son profil LinkedIn. Avant d’intégrer la rédaction d’Africa Intelligence, il collaborait régulièrement avec la BBC, TV5 Monde, France 24, EuroNews, Jeune Afrique ou encore 20 Minutes.
Une arrestation «injuste» et «injustifiée»
Dans un communiqué, le groupe Indigo Publications, éditeur d’Africa Intelligence, s’est indigné de cette «arrestation injustifiée» et a appelé à la «libération immédiate» de son journaliste. Le Comité de Protection des journalistes (CPJ) a dénoncé de son côté «une arrestation injuste» qui «éclaire le contexte épouvantable pour la presse en général en Ethiopie», que l’ONG décrit comme le «deuxième pire geôlier de journalistes en Afrique subsaharienne». Sollicitées par l’AFP, les autorités éthiopiennes n’ont pas répondu dans l’immédiat.
Reportage
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique – 120 millions d’habitants – et mosaïque de quelque 80 communautés ethnolinguistiques, l’Ethiopie, minée par plusieurs conflits locaux, a vu sa liberté de la presse profondément se dégrader depuis 2020 et le début du conflit dans l’Etat régional du Tigré. Depuis, l’Ethiopie a incarcéré plusieurs journalistes éthiopiens et expulsé plusieurs journalistes étrangers, mais l’emprisonnement d’un journaliste étranger est une première depuis plus de trois ans.