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Ethiopie : le Programme alimentaire mondial interrompt l’aide pour 650 000 femmes et enfants

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Les coupes dans l’aide internationale, décidées par Donald Trump lors de son retour à la Maison Blanche mais aussi par d’autres puissances occidentales, mettent à mal le soutien alimentaire aux populations éthiopiennes.
Dans la ville d'Abala, en Ethiopie, le 9 juin 2022. (Eduardo Soteras/AFP)
publié le 22 avril 2025 à 15h12

C’est la fin d’une aide humanitaire précieuse pour plus d’un demi-million de personnes. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé ce mardi 22 avril devoir interrompre en mai l’aide en Ethiopie pour 650 000 femmes et enfants souffrant de malnutrition, en raison des coupes dans l’aide internationale.

Cette situation «pourrait être» une question de vie ou de mort pour de nombreuses personnes, a alerté le directeur du PAM en Ethiopie, Zlatan Milisic. «Nous avons donc besoin d’une aide d’urgence», a-t-il ajouté. Sans ce soutien, 3,6 millions de personnes n’auront plus accès «dans les semaines qui viennent» à l’aide alimentaire, a averti dans un communiqué l’organisation onusienne.

Le PAM prévoyait de fournir une assistance nutritionnelle vitale à deux millions de mères et d’enfants en 2025. «Le moment est venu de rappeler au monde, à nos donateurs et à d’autres que la situation humanitaire en Ethiopie n’est pas très bonne et qu’elle va même se détériorer si nous ne fournissons pas l’assistance nécessaire», a ajouté Zlatan Milisic, dans un appel à l’aide internationale.

Outre l’arrêt des programmes d’aide sous l’égide de l’Agence américaine de développement (USaid) décidé par Donald Trump lors de son retour à la Maison Blanche, plusieurs pays occidentaux ont taillé dans leurs dépenses en la matière.

Un million de déplacés

Ces coupes claires interviennent alors que l’Ethiopie, géant d’Afrique de l’Est d’environ 130 millions d’habitants, est confronté à de nombreux défis. Une sanglante guerre civile qui a opposé les forces fédérales à des rebelles a ravagé entre novembre 2020 et novembre 2022 la région septentrionale du Tigré, faisant au moins 600 000 morts. Des conflits armés ont toujours lieu dans les deux régions les plus peuplées du pays, l’Amhara et l’Oromia. Un million de personnes, sur une population d’environ 6 millions avant la guerre, sont toujours déplacées.

L’Ethiopie fait également face à un afflux de réfugiés en provenance de pays frontaliers, notamment du Soudan, confronté depuis avril 2023 à une guerre civile, et du Soudan du Sud, en proie à une instabilité chronique depuis son indépendance.

Le pays enclavé de la Corne de l’Afrique est aussi confronté à des épisodes intenses de sécheresse, notamment en région Somali. «Les conflits en cours, l’instabilité régionale, les déplacements, les conditions météorologiques extrêmes et les chocs économiques ont laissé plus de 10 millions de personnes confrontées à la faim et à la malnutrition», a souligné l’agence onusienne.

Déficit de 222 millions de dollars d’aides

Malgré des besoins croissants, le PAM «s’attend à recevoir un peu plus de la moitié du financement de l’année dernière pour ses opérations en Éthiopie». L’agence onusienne est confrontée à un «déficit de financement de 222 millions de dollars [194 million d’euros, ndlr] entre avril et septembre 2025», a-t-elle alerté.

Un total de 17 pays fournit de l’aide au PAM en Ethiopie, a précisé Zlatan Milisic, affirmant espérer que les Etats-Unis prendront bientôt des «décisions importantes pour l’aide et l’assistance en 2025».

Selon un rapport publié la semaine dernière par l’Organisation de coopération et de développement économiques, «l’aide internationale fournie par les donneurs publics a diminué de 7,1 % en termes réels par rapport à 2023». Selon l’OCDE, «il s’agit de la première baisse après cinq années consécutives de hausse».

Une diminution que l’OCDE explique «par un recul des contributions aux organisations internationales, ainsi que par un fléchissement de l’aide à l’Ukraine, une baisse de l’aide humanitaire et une réduction des dépenses consacrées à l’accueil des réfugiés dans les pays donneurs».