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Stratégie

Face au chômage, le Kenya organise l’exil économique de ses jeunes diplômés

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Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Alors que l’inflation et le chômage empirent, le moteur d’Afrique de l’Est s’active pour faciliter le départ de ses jeunes travailleurs vers l’étranger. Au risque de nourrir une fuite des cerveaux irréversible.
Au Kenya, le taux de sous-emploi témoigne de l’aggravation de l’état de l’économie : de 8% fin 2019, il a grimpé à 19% fin 2022. Ici, une manifestation contre le chômage, à Nairobi, en octobre 2019. (Simon Maina /AFP)
par Claudia Lacave, correspondante à Nairobi
publié le 4 septembre 2023 à 7h24

«Comment se fait-il que d’autres pays prennent mieux soin de nous que notre propre pays ? Honnêtement, allons-nous-en tous !» s’emporte Betsy Mutuku, installée sur un banc ensoleillé de Nairobi, la capitale du Kenya. La jeune femme a 26 ans, une licence en linguistique, mais malgré presque deux ans d’expérience d’enseignement de l’anglais en France, elle n’a pu trouver qu’un poste de professeure particulier à 400 shillings (2,50 euros) de l’heure. Comme elle, des milliers de jeunes diplômés cherchent à quitter l’Afrique de l’Est. Et depuis un an, le nouveau gouvernement kenyan s’évertue à leur ouvrir grand les portes de l’exil, à la fois pour déminer la bombe à retardement du chômage des jeunes et pour profiter, à moyen terme, de la solidarité financière de sa diaspora.

En juin, le président William Ruto déclarait avoir besoin de 1 million de travailleurs kenyans supplémentaires en dehors des frontières. Quelques mois plus tôt, lors d’une rencontre à Séoul avec la diaspora kenyane, le ministre des Affaires étrangères, Alfred Mutua,