«Comment se fait-il que d’autres pays prennent mieux soin de nous que notre propre pays ? Honnêtement, allons-nous-en tous !» s’emporte Betsy Mutuku, installée sur un banc ensoleillé de Nairobi, la capitale du Kenya. La jeune femme a 26 ans, une licence en linguistique, mais malgré presque deux ans d’expérience d’enseignement de l’anglais en France, elle n’a pu trouver qu’un poste de professeure particulier à 400 shillings (2,50 euros) de l’heure. Comme elle, des milliers de jeunes diplômés cherchent à quitter l’Afrique de l’Est. Et depuis un an, le nouveau gouvernement kenyan s’évertue à leur ouvrir grand les portes de l’exil, à la fois pour déminer la bombe à retardement du chômage des jeunes et pour profiter, à moyen terme, de la solidarité financière de sa diaspora.
En juin, le président William Ruto déclarait avoir besoin de 1 million de travailleurs kenyans supplémentaires en dehors des frontières. Quelques mois plus tôt, lors d’une rencontre à Séoul avec la diaspora kenyane, le ministre des Affaires étrangères, Alfred Mutua,