Un océan de petites huttes en forme de dôme s’étend dans toutes les directions autour de la ville de Baidoa, dans le sud-ouest de la Somalie. Des abris de fortune, bricolés avec des branchages, des morceaux de tissu et des bâches. Accroupie devant l’une d’entre elles, Abshira Hassan Daoud, partage une bouillie de sorgho avec ses six enfants. Le seul repas de la journée. «Nous avons tout perdu», dit-elle, conséquence de la pire sécheresse qu’ait connue la Somalie en quarante ans. Cinq saisons des pluies manquées – il y en a deux par an. Sur la modeste ferme, les récoltes ont flétri, le puits s’est asséché, les chèvres et les vaches sont mortes, les maigres réserves de grain se sont épuisées. Puis Barlin, la dernière-née, une fillette de 2 ans, est tombée malade. «Je la voyais s’affaiblir un peu plus chaque jour, raconte sa mère. Je n’avais plus de lait à lui donner.»
A seulement quelques kilomètres de Baidoa, les vastes plaines arides parsemées de taillis sont administrées par le groupe islamiste des shebab. Un cycle d’interventions internationales qui dure depuis des décennies, des milliards de dollars d’aide humanitaire et de soutien militaire n’ont pas réussi à stabiliser le pays. Les jihadistes, qui commettent régulièrement des attentats meurtriers dans les villes – le dernier,