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Pollution

Finalement, la mer Rouge échappe à la marée noire au large du Yémen

Plus de la moitié de la cargaison de brut du FSO Safer, pétrolier abandonné au large du Yémen, a été mise à l’abri. Il contenait quatre fois plus de pétrole que l’Exxon Valdez qui s’est échoué en 1989 au large de l’Alaska, entraînant l’une des pires catastrophes écologiques de l’histoire.
Un ouvrier se tient sur le pont du pétrolier FSO Safer, battant pavillon du Yémen, en mer Rouge, au large de la province occidentale contestée de Hodeida, le 15 juillet 2023. (Mohammed Huwais/AFP)
publié le 2 août 2023 à 15h27

Les coraux de la mer Rouge l’ont échappé belle. Véritable bombe flottante, le pétrolier FSO Safer, amarré depuis les années 1980 au large du port stratégique de Hodeida, à l’ouest du Yémen, est abandonné depuis 2015. Délabré, sans aucun entretien depuis cinq ans, le navire menaçait de relâcher sa cargaison toxique dans ces eaux particulièrement riches en biodiversité.

Le pire devrait être évité grâce à une opération de transfert à 143 millions de dollars orchestrée par les Nations unies. «Plus de la moitié du pétrole dans les cuves du FSO Safer, en état de décrépitude, a été transférée sur le navire de remplacement […] au cours des sept derniers jours», a annoncé mardi sur les réseaux sociaux David Gressly, coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Yémen. Il avait précédemment déclaré que le transfert complet prendrait environ trois semaines. Les opérations avaient débuté en juin.

1,14 million de barils de brut

Le représentant du Programme des Nations unies pour le développement sur ce dossier, Mohammed Mudawi, précise ce mercredi 2 août que plus de 636 000 barils de pétrole sur les 1,14 million que contient le FSO Safer ont d’ores et déjà été mis à l’abri dans le navire de remplacement. «Nous avons atteint la barre des 55 % aujourd’hui à 9 heures», a-t-il affirmé, ajoutant que «le pompage se poursuivait sans problème».

Cette opération, pour laquelle il manque encore environ 20 millions de dollars sur une estimation totale de 143 millions, permettra d’éviter une catastrophe environnementale sans précédent. Une marée noire aurait coûté environ 20 milliards de dollars et ferait des ravages sur la faune et la flore particulièrement riches en mer Rouge, les villages de pêcheurs et les ports essentiels du Yémen. Elle pourrait aussi perturber le trafic maritime international entre le détroit de Bab al-Mandeb et le canal de Suez, qui mène à la Méditerranée.

Vieux de 47 ans, le pétrolier, dont la coque est rouillée, a été transformé en terminal flottant de stockage et de déchargement. Il contient quatre fois plus de pétrole que l’Exxon Valdez qui s’est échoué en 1989 au large de l’Alaska, entraînant l’une des pires catastrophes de ce genre de l’histoire. Il n’a pas été entretenu depuis le début de la guerre entre le gouvernement, soutenu par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, et les rebelles Houthis proches de l’Iran, qui contrôlent les eaux où se trouve le FSO Safer. Un conflit qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde.