Dans une tribune publiée par le Monde mercredi, Alain Juppé a tenu à saluer à sa manière la commémoration du début du génocide des Tutsis au Rwanda. Il était ministre des Affaires étrangères au moment du drame. Depuis 1994, le 7 avril n’est plus un jour comme les autres au Rwanda. Il marque le début des cent jours sanglants pendant lesquels près de 1 million de Tutsis ont été systématiquement massacrés, remplissant de l’odeur âcre de la mort les collines de ce petit pays de l’Afrique des Grands Lacs. Chaque année, à partir de cette date, les Rwandais replongent dans ce cauchemar qui resurgit alors à travers les cris et les pleurs des rescapés, faisant écho au silence de la communauté internationale pendant qu’on massacrait plus de 10 000 personnes par jour au pays des Mille-Collines.
Reste que le rôle d’un pays suscite encore des interrogations : celui de la France. Devenu en 1990 le principal soutien du régime raciste qui va conduire au génocide, Paris ne reniera officiellement cet allié embarrassant que lorsque les chefs d’orchestre de cette solution finale africaine quitteront le pays, en juillet 1994. Et encore. Le soutien apporté par la France aux forces génocidaires repliées au Zaïre (actuelle république démocratique du Congo, RDC) a déjà été