Plutôt que de répondre sur le fond, le ministère des Armées a donc choisi d’attaquer la méthode d’enquête. Dans un rapport publié mardi, la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) conclut que l’armée française a bel et bien tué 19 civils lors d’un bombardement, le 3 janvier, à proximité du village de Bounti, dans le centre du pays. Le ministère a aussitôt dégainé un communiqué qui «salue qu’une mission de l’ONU puisse enquêter en toute indépendance», mais en rejette les conclusions. Avec un argument phare, répété à plusieurs reprises : les investigations onusiennes ne reposent que sur des témoignages anonymes.
Et pour cause. La France refuse obstinément de transmettre les images de la frappe, captées par un drone présent sur la zone. La Minusma, écrit-elle dans son rapport, n’a pas eu accès aux «éléments et renseignements probants dont disposait la Force Barkhane». L’état-major des armées le confirme : «Nous avons transmis des informations de contextualisation, et sur les processus réalisés. Les images n’ont pas été dévoilées.» Des parlementaires