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Freselam, le chant libre de l’Erythrée réfugié en France

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Après avoir connu la prison, le chanteur et compositeur a fui son pays comme un demi-million de ses compatriotes. Ayant obtenu l’asile politique en France, il dénonce la dictature d’Isaias Afworki, au pouvoir depuis 1993.
Freselam au parc Martin-Luther-King dans le XVIIe arrondissement de Paris, jeudi. (Louise Carrasco/Liberation)
publié le 10 octobre 2021 à 10h58

Avant ses 30 ans (qu’il fêtera le mois prochain), Freselam Mussie a vécu plusieurs vies. Chanteur idole de la jeunesse de l’Erythrée, puis bête noire du régime dictatorial, et aujourd’hui réfugié politique en France. Freselam – on le désigne toujours par son prénom – a l’âge de son pays, indépendant depuis le 27 avril 1993, mais les Erythréens font remonter leur libération à mai 1991, quand s’achève le «Derg», le régime militaire prosoviétique instauré en Ethiopie en 1997. Le féroce lieutenant Mengistu Haile Mariam a été chassé par le soulèvement armé des deux régions de langue tigrinya : le Tigré et l’Erythrée. La première restera dans le giron éthiopien, la seconde deviendra indépendante après un référendum. Depuis 1993, le président n’a pas changé : Isaias Afworki règne sans partage, et sans avoir jamais organisé la moindre élection.

«Graine de paix»

Les deux parents du chanteur ont pris part à la guérilla. Quand leur fils naît à Asmara, la capitale, ils le baptisent Freselam, qui signifie «graine de paix». «Je suis un enfant de la révolution», résume-t-il. Le père musicien est un des pionniers du reggae érythréen, la mère une actrice reconnue. Ils vivent toujours là-bas.

Dans le petit appartement parisien qu’il habite avec sa femme et