Des manifestations immenses et une répression féroce. Dix-sept personnes ont été condamnées à des peines allant de trois à quinze ans de prison pour des violences survenues dans le sud du Maroc en marge de la contestation sociale de la jeunesse, a rapporté mercredi la presse locale.
Selon le site d’information marocain Le360, citant des sources judiciaires, la cour d’appel d’Agadir a prononcé mardi 14 octobre ces peines pour «incendie volontaire de véhicules appartenant à autrui», «dégradation de biens publics et privés» et «entrave à la voie publique par des barricades», entre autres. Trois prévenus ont été condamnés à quinze ans de prison ferme, un à douze ans, neuf à dix ans de réclusion, les autres à des peines entre trois et cinq ans d’après ces sources, qui ont indiqué que les faits s’étaient déroulés à Aït Amira, près d’Agadir.
Une mobilisation interdite
Du 27 septembre au 9 octobre, le collectif de jeunes «GenZ 212», dont les fondateurs sont anonymes, a organisé presque chaque soir des rassemblements pacifiques à travers le Maroc, réclamant notamment des réformes dans les secteurs de la santé et de l’éducation, la fin de la corruption et le limogeage du gouvernement.
Reportage
Aux premiers jours de cette mobilisation initialement interdite, la police a procédé à des centaines d’interpellations. En marge de la mobilisation, deux soirées ont été émaillées de heurts — faisant trois morts dans une ville près d’Agadir — et d’actes de vandalisme. La semaine dernière, un homme avait déjà été condamné à 10 ans de prison ferme, notamment pour «destruction préméditée de bâtiments publics», «incendie» et «violence à l’encontre des forces de l’ordre», avait indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
Au moins 270 manifestants traduits en justice, 409 placés en garde à vue
L’ONG Human Rights Watch a dénoncé mercredi une «répression violente des manifestations», affirmant qu’au moins 270 manifestants, dont 39 mineurs, ont été traduits en justice et restent détenus. L’ONG ne précise pas s’il s’agit de personnes ayant répondu à l’appel de GenZ 212 ou d’individus impliqués dans des violences ultérieures — desquelles le collectif s’est publiquement désolidarisé.
Les autorités avaient indiqué que 409 personnes avaient été placées en garde à vue lors des heurts, sans préciser ensuite combien avaient été incarcérées. Une source judiciaire a déclaré mercredi à l’AFP que la majorité des personnes poursuivies sont accusées de «vandalisme, violences et vol».