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Libération
Reportage

Guerre au Tigré : «C’est donc ça, leur paix ?»

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Après deux ans d’un conflit marqué par des campagnes de nettoyage ethnique, la vie reprend tant bien que mal dans le nord de l’Ethiopie. Mais le processus de paix bute sur l’absence de justice pour les crimes contre les civils et le retour des déplacés.
Au village de Bisober dans le Tigré en décembre 2020, un membre des Forces spéciales Afar devant une maison détruite dans des affrontements entre les Forces du Tigré et les Forces de défense nationale éthiopiennes. (Eduardo Soteras /AFP)
publié le 13 mars 2023 à 19h50

Adossé contre le mur, dans la pénombre de la minuscule bijouterie, on le distingue à peine. Il ne parle à personne. Son treillis et ses rangers lacées jusqu’en haut renseignent sur son activité. Sa coupe de cheveux, rasés sur les côtés, indique le camp pour lequel il a combattu : celui des Tigray Defence Forces (TDF), l’organisation armée des rebelles tigréens, qui a affronté pendant deux ans les troupes du gouvernement fédéral éthiopien et ses alliés.

Son regard fixe, barré d’une cicatrice sur l’œil gauche, dit deux autres choses : une mémoire douloureuse et une immense lassitude. Le militaire est en permission. Il vient d’arriver dans sa ville, Inticho, dans le nord du Tigré. Il s’est écroulé sur le banc de son meilleur ami, le bijoutier. Il reprend des forces, «juste quelques minutes», avant de retrouver sa famille, qu’il n’a pas revue depuis que la guerre a éclaté.

Le 2 novembre, le gouvernement et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont signé