Adossé contre le mur, dans la pénombre de la minuscule bijouterie, on le distingue à peine. Il ne parle à personne. Son treillis et ses rangers lacées jusqu’en haut renseignent sur son activité. Sa coupe de cheveux, rasés sur les côtés, indique le camp pour lequel il a combattu : celui des Tigray Defence Forces (TDF), l’organisation armée des rebelles tigréens, qui a affronté pendant deux ans les troupes du gouvernement fédéral éthiopien et ses alliés.
Son regard fixe, barré d’une cicatrice sur l’œil gauche, dit deux autres choses : une mémoire douloureuse et une immense lassitude. Le militaire est en permission. Il vient d’arriver dans sa ville, Inticho, dans le nord du Tigré. Il s’est écroulé sur le banc de son meilleur ami, le bijoutier. Il reprend des forces, «juste quelques minutes», avant de retrouver sa famille, qu’il n’a pas revue depuis que la guerre a éclaté.
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