Le gouvernement américain a formellement accusé, ce mardi 7 janvier, les Forces de soutien rapide (FSR) de «génocide» dans la région soudanaise du Darfour, dans l’ouest du pays, les accusant d’avoir «systématiquement tué des hommes et jeunes garçons et violé des femmes et jeunes femmes du fait de leur origine ethnique».
Cette qualification sérieuse de «génocide» a été établie sur la base d’informations faisant état du meurtre «systématique» d’hommes et de jeunes garçons ainsi que de viols ciblés de femmes et de jeunes femmes «du fait de leur origine ethnique», a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, dans un communiqué.
Témoignage
Washington a également annoncé une série de sanctions visant le patron des paramilitaires soudanais, Mohamed Hamdan Daglo, dit «Hemetti», pour «son rôle dans les atrocités systématiques commises contre le peuple soudanais». La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l’ONU définit celui-ci comme des «actes commis dans l’intention de détruire, ou tout, ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux».
Hemetti est en guerre contre le patron de l’armée régulière soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, auteur d’un coup d’Etat en octobre 2021, et dont il était un ancien allié. Mais le leader des FSR, une unité paramilitaire autonome, refuse de rentrer dans le giron de l’armée nationale. Les affrontements entre ces deux forces ont éclaté le 15 avril 2023.
Depuis près de deux ans, la guerre civile au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et douze millions de déplacés, provoquant la plus grande crise de déplacement interne au monde. Le reste de la population, en proie à des conditions de vie «apocalyptiques» selon les Nations unies, fait face à la famine et au choléra. Selon les Nations unies, plus de 30 millions de personnes, dont plus de la moitié d’enfants, ont besoin d’aide.
Une responsabilité partagée
«Les Etats-Unis ne soutiennent aucun des deux camps, et nos actions contre les RSF ou Hemetti ne signifient pas un soutien en faveur des forces armées soudanaises», a cependant souligné le secrétaire d’Etat. «Les deux belligérants portent la responsabilité des violences et souffrances» dans le pays. De son côté, le département du Trésor justifie les sanctions contre Hemetti par son rôle de «belligérant principal» et par le fait que «les crimes de guerre et atrocités» relevés par les Etats-Unis ont été commis sous son commandement. «Hemetti porte une responsabilité majeure par son commandement concernant les actions odieuses et illégales de ses forces», a ajouté le département du Trésor.
Exportations d'armes
Sont également sanctionnées sept entreprises ayant partie liée avec les RSF et accusées de participer à leur financement et à l’achat d’équipements militaires, et ainsi «poursuivre le conflit au Soudan». Les sanctions entraînent un gel des avoirs détenus directement et indirectement par les personnes et entreprises visées ainsi que l’interdiction pour les sociétés et citoyens américains de commercer avec les sanctionnés. Elles limitent également la possibilité pour Hemetti et les entreprises concernées d’utiliser le dollar dans leurs transactions, au risque de voir les entreprises qui recevraient de tels paiements de tomber à leur tour sous le coup de sanctions.