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Mémoire

Guerre d’Algérie : Emmanuel Macron reconnaît la responsabilité de la France dans l’assassinat du dirigeant du FLN Larbi Ben M’hidi

Soixante-dix ans après le début de la guerre d’Algérie, la France reconnaît, ce vendredi 1er novembre, sa responsabilité dans l’assassinat de celui qui avait cofondé le Front de libération nationale.

Larbi Ben M'Hidi (1923-1957), la veille de sa mort sous la torture. Photographie anonyme de 1957. (Collection KHARBINE-TAPABOR)
Publié le 01/11/2024 à 15h50, mis à jour le 01/11/2024 à 17h04

Soixante-dix ans après le début de la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron fait un grand pas vers le rétablissement de la vérité. Le président de la République a reconnu ce vendredi 1er novembre, jour du 70e anniversaire de l’insurrection du 1er novembre 1954, que le dirigeant du Front de libération nationale (FLN) Larbi Ben M’hidi a bien été «assassiné par des militaires français» en mars 1957, en pleine bataille d’Alger.

Dans un communiqué publié par l’Elysée, le président de la République «reconnaît ce jour que Larbi Ben M’hidi, héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954, a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses». Jusque-là, la France n’avait jamais reconnu son implication dans la mort de Larbi Ben M’hidi, qui avait été maquillée à l’époque en suicide par les hommes qui l’avaient torturé. Et ce, malgré les aveux, en 2001, du général Paul Aussaresses, qui avait reconnu avoir pendu Larbi Ben M’hidi.

«Une mémoire apaisée et partagée»

«La reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune se poursuivra», souligne le communiqué, précisant que le but d’Emmanuel Macron est «d’aboutir à la constitution d’une mémoire apaisée et partagée». «C’est aussi en pensant aux générations futures que le chef de l’Etat se fait devoir, encore et toujours, de chercher les voies de la réconciliation des mémoires entre les deux pays», souligne l’Elysée. A noter que cette reconnaissance intervient aussi après une importante visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc, lors de laquelle le président français a réaffirmé l’alignement de Paris avec Rabat concernant le Sahara-Occidental. Un territoire que se disputent Maroc et l’Algérie depuis plus de cinquante ans.

Né en 1923 près d’Aïn M’lila, dans les Aurès (nord-est de l’Algérie), Larbi Ben M’hidi était le responsable de la «Zone autonome d’Alger depuis 1956», pendant «la bataille d’Alger», rappelle le communiqué. «Comme le président de la République l’a déjà reconnu pour Maurice Audin et Ali Boumendjel, cette répression s’accompagna de la mise en place d’un système hors la Société des froits de l’homme et du citoyen, rendu possible par le vote des pouvoirs spéciaux au Parlement», précise l’Elysée. Une mesure qui a donné à l’époque «carte blanche au gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie et permettant l’adoption d’un décret autorisant la délégation des pouvoirs de police à l’armée, décliné par arrêté préfectoral, d’abord à Alger, puis dans toute l’Algérie, en 1957», ajoute-t-il.

Homme de conviction, le courage et l’esprit brillant de Ben M’Hidi ont forcé le respect même de ses adversaires. Dans le communiqué, la Présidence française lui rend hommage, assurant que «les militaires français qui le connaissaient de réputation furent impressionnés par son charisme et son courage». Lors de son arrestation, le 23 février 1957, Ben M’hidi avait été exhibé devant la presse, les mains entravées par des menottes, mais souriant et serein, face aux parachutistes français.