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Crise alimentaire

Guerre en Ukraine: la Tunisie craint pour son pain quotidien

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La Tunisie après Ben Alidossier
Gros consommateur de baguettes, le pays qui importe près de la moitié de son blé d’Ukraine s’alarme d’une pénurie à quelques jours du début du ramadan, qui verra exploser la demande.
Dans une boulangerie de Tunis, le 11 mars. (Anis Mili /AFP)
publié le 26 mars 2022 à 6h37

Pour la famille de Saïda, ça sera encore du mlaoui (galette de semoule) ce soir. Face à la queue qui débordait sur le trottoir de la boulangerie à Bab El Khadra, quartier populaire du centre de Tunis, l’employée de maison a renoncé à acheter ses cinq baguettes quotidiennes – une par personne : «Je n’ai pas le temps d’attendre, sinon j’arriverais en retard au travail. Je ferai du mlaoui en rentrant avec la semoule qui reste dans les placards. C’est la deuxième journée consécutive, j’en ai marre», s’exaspère la trentenaire.

Avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine, la pénurie de pain et de pâtes donnait des sueurs froides aux responsables politiques. Un Tunisien consomme environ 74 kilos de pain par an (contre 58 kilos pour un Français). A 190 millimes de dinar (0٫06 centime d’euro) l’unité, prix fixé par l’Etat, la baguette est un symbole national, de celui qu’on brandit à chaque manifestation pour dénoncer la baisse continue du pouvoir d’achat. Avec le ramadan qui se profile début avril, l’inquiétude s’accentue.

De 3 000 baguettes par jour à 1 500

Selon l’Institut national de la consommation, la demande de baguettes explose de 135 % durant la période, en raison des besoins lors des ruptures du jeûne. Combien de temps l’Ukraine, qui fournissait en 2020 près de la moitié du blé et méteil importés en Tunisie, selon la base de données commerciale des Nations unies, sera-t-elle encore sous les bombes, et donc incapable de fournir ? Dans les files d’attente, les spéculations courent : «La guerre n