Sur le boulevard Pasteur, ou «le boulevard» comme l’appellent les Tangérois, quelques lettres hébraïques ornent un large bâtiment. Rares sont les passants qui y font attention, et beaucoup n’ont d’ailleurs aucune idée qu’il s’agit d’une synagogue. Mais les jours de manifestations en soutien à la Palestine, la présence policière est renforcée devant le bâtiment. Car si la population juive du Maroc s’est fortement réduite – elle est passée de 200 000 personnes en 1949 à environ 3 000 aujourd’hui –, il s’agit toujours de la plus grande communauté d’Afrique du Nord, que le royaume veut protéger.
La présence millénaire des Juifs compte parmi les multiples identités qui façonnent le territoire, comme le rappelle le préambule de la dernière Constitution de 2011, qui souligne les «composantes arabo-islamiques, amazighe et saharo-hassanie […] enrichie de ses affluents africains, hébraïque et méditerranéen». Ce constat historique se retrouve dans la préservation des sites, comme les cimetières ou les synagogues, mais aussi celle de la mémoire. Le royaume compte deux musées sur l’histoire du judaïsme, l’un à Casablanca, considéré comme le «seul musée juif dans le monde arabe», et l’autre à Tanger. Un troisième doit ouvrir ses portes à Fès prochainement. En parallèle, Rabat défend un positionnemen